Mémoire effacée ou Mémoire préservée

Le CEP-CAFI, dans sa charte en 2005, a inscrit un double objectif : la défense pleine et entière des droits des rapatriés français d’Indochine oubliés par l’Etat et l’édification d’un lieu unique de la mémoire indochinoise au CAFI de Sainte-Livrade-sur-Lot . Après la rénovation du CAFI de 2005 à 2015, le CEP-CAFI a dû se battre pour  préserver un petit espace de 1700 m2 dans lequel se trouvent  5 bâtiments anciens en état de délabrement dont 2 ont été rénovés seulement (chapelle et pagode) . Cet espace mémoriel a été acté par la Direction Régionale d’Art et Culture d’Aquitaine (DRAC)  comme monument historique en  juin 2019. Depuis plusieurs années, les autorités territoriales, faute de trouver des fonds nécessaires à la rénovation de ces 3 bâtiments, les  laissent  en état de ruine. Pour préserver la mémoire de nos parents rapatriés d’Indochine, le CEP-CAFI a érigé en 2016 le triptyque mémorial sur lequel sont gravés les noms de nos parents arrivés en 1956 au CAFI. C’est notre devoir d’honorer nos mères qui, durant leur séjour dans ce camp, ont sacrifié leur vie entière pour nous afin que nous puissions nous intégrer dans la société française. Notre réussite, nous la devons aux sacrifices de nos mères. Et en 2022, nous avons élaboré le Plan relief  représentant les anciens bâtiments et un groupe de mamans en train de travailler. Ce sont les seules traces visibles après la destruction du CAFI et la disparition de nos mères. Mais depuis quelque temps , un grain de sable est venu troubler cette mémoire que nous sommes en train de façonner avec son histoire. Je voudrais parler d’une association, l’UDACVG 47, association militaire qui n’a aucune histoire d’attache  avec le CAFI et qui n’a jamais mis le pied au CAFI depuis 1956, s’arroge le droit de s’implanter au CAFI avec la bénédiction d’un membre de la municipalité sous prétexte que celle-ci pourrait trouver des fonds nécessaires pour la rénovation  de ces  3 bâtiments restants. Dans son projet, elle  veut occuper un bâtiment entier de 500 m2  pour déposer ses archives de guerre de 14-18 , de 39-45. Le CEP-CAFI n’a rien contre les militaires mais ce lieu est un symbole de mémoire à préserver pour honorer nos mères avant tout mais aussi tous ceux qui ont une histoire inscrite dans ce camp. Nos mères ont connu la guerre en quittant le Vietnam, elles ont connu l’occupation par la présence des CRS en voulant seulement demander de meilleures conditions de vie dans ce camp, elles ont subi le décret Morlot en 1959 (décret indigne : interdiction de sortir du camp sans autorisation de l’administration centrale, de posséder un signe de richesse : voiture , télévision…, c’était l’expulsion immédiate de toute la famille ). En plus,  l’Etat a confisqué leurs droits en tant que rapatriés  d’Indochine en changeant leur statut, puisque le Centre d’Accueil des Rapatriés d’Indochine (CARI)  depuis leur arrivée au camp en 1956 est devenu le Centre d’Accueil des Français d’Indochine (CAFI ) avant la première loi sur les rapatriés votée en 1961. Ce glissement sémantique permet à l’État d’ôter toute possibilité à ces rapatriés d’Indochine de se revendiquer comme rapatriés. C’était le premier effacement de la mémoire de nos mères par l’État et nous ne voulons pas que cette  mémoire soit volée une seconde fois. Nous demandons à l’UDACVG 47 de retirer son projet et que le comité de pilotage réfléchisse sur le devenir de ce projet mémoriel du CAFI où son  histoire ne doit pas être effacée. 
Anciens enfants et amis du CAFI, mobilisons-nous pour nous opposer à la présence des militaires dans le lieu de mémoire de notre CAFI.
Daniel FRECHE, président du CEP-CAFI

Extension de la loi du 22 février 2022 aux rapatriés d’Indochine (suite)

Extension de la loi du 22 février 2022 aux rapatriés d’Indochine de Bias, Sainte-Livrade-sur-Lot et de Noyant-sur-Allier.
Lors de notre entretien avec les représentants et conseillers de Mme Patricia Mirallès, secrétaire d’Etat chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire, le CEP-CAFI a déposé officiellement une requête concernant l’extension de la loi du 23 février 2022 aux rapatriés d’Indochine, loi portant sur la reconnaissance de la Nation et la réparation envers les rapatriés d’Indochine en raison des préjudices subis (mauvaises conditions de vie dans les camps, traumatisme de l’exil et de la relégation ). Celle-ci nous a adressé un courrier expliquant que la loi a été déjà votée et que son extension aux rapatriés d’Indochine ne peut pas se réaliser. Le CEP-CAFI, accompagné de l’association ARENA de Noyant-sur-Allier, se tourne désormais vers les députés qui, seuls, peuvent déposer une nouvelle loi spécifique pour les rapatriés d’Indochine.

Le CEP-CAFI a donc contacté M. Olivier Faure, Eurasien, député du groupe des socialistes, qui a accepté de nous recevoir à l’Assemblée nationale. Après avoir écouté attentivement l’histoire de ces rapatriés français de Bias, de Sainte-Livrade-sur-Lot et de Noyant-sur-Allier, ému et surpris de voir un pan d’histoire de ces rapatriés gommé, il a accepté d’écrire une nouvelle loi pour porter la reconnaissance de la Nation envers ces rapatriés et la réparation en raison des préjudices subis pendant de longues années. Nous tenons à le remercier pour son engagement et sa défense à notre cause. Nous savons que c’est un travail difficile mais nous sommes déterminés à le poursuivre jusqu’au bout . Pour nous il s’agit d’une justice et d’égalité de traitement. 
Daniel Frèche, président du CEP-CAFI 

Extension de la loi du 23 Février 2022 pour les Rapatriés français d’Indochine ( suite )

Message de Daniel Frèche, président du CEP-CAFI :

Mes chers amis ,

Après avoir rencontré le secrétaire général Marc Del Grande du CNIH, Commission Nationale Indépendante de reconnaissances et de réparation de La loi du 23 Février 2022 relative au dossier des Rapatriés d’Algérie ) présidé par Mr Jean-Marie Bockel, portant reconnaissance de la nation envers les Harkis et réparation en raison du traumatisme de l’exil et de la relégation , des mauvaises conditions de vie dans les camps , le CEP-CAFI a pu rencontrer Mme la Sénatrice Marie-Pierre Richer, présidente de commission au Sénat pour réclamer l’extension de cette loi aux Rapatriés d’Indochine oubliés par l’Etat depuis leur arrivée en 1956 en France. Pour la sénatrice, cette loi a été votée à l’Assemblée nationale puis au Sénat pour les Harkis et que, pour les Rapatriés d’Indochine , il faudrait créer une autre loi spécifique pour eux. La seule chose qu’elle pourrait faire c’est de nous mettre en relation avec le service du secrétariat du ministère des Armées , des Combattants et des Mémoires , Mme Patricia Mirallès. Nous avons aussitôt adressé un courrier à la Secrétaire d’Etat pour lui solliciter un RDV. Affaire à suivre .

Extension de la Loi du 23 février 2022 pour les Rapatriés Français d’Indochine

Dans le rapport d’activité de la CNIH ( Commission Nationale Indépendante de Reconnaissances et de Réparation de la loi du 23 février 2022 relative au dossier des Rapatriés d’Algérie ) présidé par M. Jean-Marie Bockel, portant reconnaissance de la nation envers les Harkis et réparation en raison du traumatisme de l’exil et de la relégation, des mauvaises conditions de vie dans les camps, le CNIH suggère que le périmètre de la loi du 23 soit étendu aux supplétifs et/ou aux rapatriés d’Indochine afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes droits que les Harkis.
Dès que le CEP-CAFI a appris la connaissance de cette nouvelle loi, il a adressé une lettre à monsieur le Président de la République, Emmanuel Macron, réclamant pour les rapatriés de Bias, de Sainte-Livrade-sur-Lot et de Noyant-sur-Allier qui ont vécu les mêmes conditions de vie dans les camps, un traitement juridique identique à celui des Harkis, afin qu’ils soient reconnus et rétablis dans leur droit selon le principe d’équité et d’égalité.
En mai 2023, profitant de la discussion en commission de la loi de programmation militaire pour 2024 à 2030, le CEP-CAFI aussitôt a adressé une lettre à Madame Patricia Miralles, secrétaire d’Etat aux rapatriés, aux présidents des groupes de députés et de sénateurs mais aussi aux députés et aux sénateurs qui siègent à cette commission pour leur proposer d’ajouter un amendement consistant à intégrer le même traitement identique à celui des Harkis pour les rapatriés d’Indochine de Bias, de Sainte-Livrade-sur-Lot et de Noyant-sur-Allier.
Nous espérons que cette demande sera entendue au plus haut niveau et nous ne manquerons pas de vous informer dès que nous aurons de nouvelles informations .
Nous comptons sur votre solidarité et votre soutien pour que la reconnaissance et les réparations, dans le cadre de la loi du 23 février 2022, soient étendues aux rapatriés d’Indochine .
PS : je vous adresse en pièce jointe les pages du Rapport rendu public le 15 mai 2023 ainsi que la lettre adressée au président de la République et celle adressée à la secrétaire d’Etat aux Rapatriés, aux députés et aux sénateurs.
https://www.rapatries-vietnam.org/actualites/2023-loi-23-fevrier-2022-lettre-secretaire-d-etat.pdf
https://www.rapatries-vietnam.org/actualites/2023-loi-23-fevrier-2022-lettre-au-president-republique.pdf
https://www.rapatries-vietnam.org/actualites/2023-loi-23-fevrier-2022-rapport-pages-49-50-56-57-140-144-1-2.pdf

Amitiés
Daniel Frèche

Opposition à la création d’un Musée de la guerre au CAFI de Sainte-Livrade-sur-Lot

Camp du moulin du Lot- lieu de mémoire
STE LIVRADE SUR LOT
CEP-CAFI
Nous sommes très inquiets du projet des anciens combattants de l’UFACVG 47 qui pensent avoir enfin trouvé un lieu pour mettre en valeur la mémoire des opérations de guerre, des Français civils et militaires et de leurs alliés qui se sont battus ou sont morts pour la France.
Les rapatriés d’Indochine du camp du Moulin du Lot ne sont-ils pas des civils ayant travaillé pour la France, des militaires et des veuves de guerres et morts pour la France en Indochine ?
Un espace de souvenir devait se situer au sein de ce lieu de mémoire pour rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui ont servi la France et qui ont vécu plus de 65 ans dans ce camp sans aucune reconnaissance matérielle et morale depuis leur arrivée en 1956.
Nous ne tenons pas à polémiquer sur le passé, il nous parait évident que la volonté de faire avancer le dossier du CAFI de la façon la plus humaine possible, en tenant compte de la spécificité de la communauté qui y vit, dans une totale transparence, en encourageant la participation des associations concernées par l’avenir du CAFI centre d’accueil des Français d’Indochine.
La mairie, maitre d’ouvrage de ce lieu, pour trouver des financements plus élargis, sans doute, auprès du ministère de la Défense transfère ce projet à des anciens combattants ; à savoir, qu’elle n’a pas cherché les financements pour ces bâtiments, ni actionné le comité de pilotage en place pour concertation, pour le contenant et le contenu.
Est-ce que les différentes institutions de l’État qui avaient la charge de ces lieux rempliront leurs obligations ?
Si la municipalité de Sainte Livrade sur Lot a procédé à une rénovation des habitats au camp du Moulin du Lot, ce n’est qu’en 2008 avec le chantier de reconstruction du quartier que les enjeux mémoriels ont été pris en compte. Dans le programme de destruction des anciens bâtiments du camp, il a été décidé de conserver cinq bâtiments, quatre barres d’habitations dont un accueillant la chapelle et un morceau d’un des bâtiments centraux accueillant la pagode.
Nous en voulons pour preuve : l’arrêté de classement de décembre 2011 suivi d’un arrêté de protection inscription au titre des monuments historiques du 29 juin 2012 pour ces cinq barres.
Deux de ces cinq barres ont fait l’objet de réhabilitation par le cabinet d’architecture Thouin et Monsieur Paul Vo Van : il s’agit du bâtiment abritant la pagode et l’une des anciennes barres d’habitation qui abrite une église et, désormais, une salle de fête ou d’exposition pour les festivités 15 août pour un coût environ 800 000 Euros.
Une partie des espaces verts autour de ces bâtiments a été réaménagée pour accueillir des monuments mémoriaux, monuments aux morts de la guerre d’Indochine où se tient tous les ans, le 8 juin, une cérémonie officielle et une statue de la vierge Marie rapportée d’Indochine par un père missionnaire.
Constatant que la municipalité ne manifeste aucun intérêt pour conserver la mémoire de ce camp, l’association CEP-CAFI sur ses fonds propres a érigé en 2016 :
-     un triptyque de 3 stèles avec les noms des 300 familles hébergés depuis 1956,
-     un Plan- relief avec 36 bâtiments de la poudrerie et des personnages Indochinois, oeuvre de François DIDIER main, nous trouvons scandaleux que le lieu de mémoire qui est placé sous le signe de la reconnaissance aux rapatriés d’Indochine soit attribué aux anciens combattants sans concertation au préalable avec les associations et les habitants du Camp du moulin du Lot, l’idée est bonne, mais n’a pas sa place dans le CAFI. C’est un détournement de la destination, c’est une manière de balayer notre histoire. Nous avons toujours un projet spécifique pour ce lieu correspondant à son histoire, sa mémoire ; un projet dont le contenu est clairement défini, alliant les préoccupations culturelles et scientifiques. Le projet comprend l’élaboration d’une muséographie fondée sur des thématiques différentes s’appuyant des collectes de matériaux variés : 6000 livres, des films et des photographies et qui n’attendent qu’un muséographe et autres spécialistes présenter concrètement et de façon pérenne cette mémoire.
Sur le plan juridique, nous avons adressé des courriers à Monsieur le Préfet d’AGEN, à l’ONACVG et assisté à la réunion du 10 février 2022 ou nous avons réclamé des éclaircissements et la réactivation de l’ancien comité de pilotage.
Pour faire valoir nos oppositions à ce projet indigne et cruel et violent, nous avons besoin de l’aide de tous et surtout de vous.
Chers amis du CAFI, adhérez à notre cause et faites le savoir en nous écrivant ? Sur le site ou par mail. Merci.
Sachant que les associations du CAFI, l’Arac: Patrick Fernand et l’AACI : Mathieu SAME L’association Art et Culture Indochinoise partagent notre combat
Cordialement
Nina
Monsieur Freche Daniel
Président du CEP-CAFI
Madame Douart Sinnouretty
Vice-Présidente du CEP-CAFI
Vice-Présidente du comité de Mémoire de l’Indochine
SITE INTERNET
rapatries-vietnam.org
CAFI.47.COM
CAFI-MEMOIRES et HISTOIRES

Lettre au Préfet

Collectif des Eurasiens pour la Préservation du Cafi
25 rue de Vauvenargues, 75018 Paris
Paris, le 24/02/2023
A l’attention de Monsieur le Préfet
Place de Verdun – 47920 Agen
Objet : Demande de rendez-vous
Dossier CAFI/LIEU de MEMOIRE
Sainte -Livrade sur Lot

Monsieur le Préfet,
Nous avons reçu une convocation de la municipalité de Sainte Livrade-sur–Lot au sujet d’une réunion de travail, devant se tenir le 10 février 2023, au siège de l’Union Fédérale des Anciens Combattants et victimes de guerre du Lot-et-Garonne – 7, place de Verdun à Temple sur lot, à propos d’un projet mémoriel.
Deux de nos représentants du CEP-CAFI ont assisté à cette réunion et, fort surpris de son objet ont suggéré qu’à ce projet qui est plutôt celui d’un musée de la guerre, de réactiver le comité de pilotage pour revenir sur la question mémorielle au CAFI, qui est sous tutelle de la Drac et de la Préfecture d’AGEN.
Nous tenons à souligner que selon l’arrêté préfectoral du Lot-et-Garonne du 29 juin 2012 et celui de la DRAC portant inscription au Titre des Monuments Historiques le camp du Moulin du Lot (copie en annexe) et l’arrêté du 11 janvier 2008 de l’ANRU ‘(Agence Nationale de la Rénovation Urbaine), au vu de la convention signée :
– le Cafi demeure le dernier site en France ayant reçu des rapatriés d’Indochine à partir de 1956 ; le dernier point de chute, également, de tous ceux qui ne pouvaient prétendre à un reclassement. Ainsi, il devient un lieu symbolique et un lieu unique de la mémoire indochinoise. De ce fait, dans le cadre budgétaire de l’ANRU, des travaux de rénovation et de mise en sécurité ont été réalisés pour les deux lieux de culte : église et pagode. Et il était également prévu de créer, à proximité de ces équipements cultuels, dans les bâtiments sauvegardés, un espace de mémoire pour consacrer le Cafi comme lieu unique. Cette partie mémorielle n’a pas encore été réalisée faute de financements.
Par ailleurs, nous attirons votre attention sur le fait que le Cafi, est inscrit depuis le 12 décembre 2012 au label « Pays Art et Histoire du Grand Villeneuvois ». Les cinq bâtiments sauvegardés figurent ainsi dans le patrimoine architectural et culturel de la région.
Depuis 2013, la cité d’accueil de Ste Livrade-sur-Lot a été en grande partie détruite pour laisser place à des logements HLM. Les résidents des anciens baraquements ont ainsi bénéficié de logements aux normes de sécurité et sont rentrés dans le droit commun.
Au vu du projet présenté par la municipalité et l’association :  « Union Fédérale des Anciens Combattants et victimes de guerre du Lot et Garonne », qui est très éloigné de la question de la mémoire indochinoise, nous nous inquiétons de ce que le lieu de mémoire qui était une des conditions de la rénovation disparaisse dans une problématique plus large et exclusivement militaire, au risque de l’oubli de ces lieux.
Dans l’attente de la rénovation de ces bâtiments en grande dégradation, faute d’entretien, notre association a alerté, le 1er août 2021, Monsieur Gonzales, chef de l’UDAP du Lot-et-garonne et Architecte des Bâtiments de France. Celui-ci a estimé urgent de faire figurer le CAFI sur les programmations prioritaires de 2022-2024. Il a manifesté une attention soutenue, suggérant une dérogation pour faire avancer le projet au plus tôt (artL1111-10-3 du CGCT).
Nous souhaitons ajouter qu’à aucun moment, nous n’avons senti le soutien de la part des responsables du projet lieu de mémoire, c’est-à-dire : la mairie, les comités de pilotage et scientifique. Leur posture, depuis plusieurs années, donne à penser qu’ils ne font pas leur ce projet, en tout cas, qu’ils n’en ont pas fait un enjeu pour la commune. En effet, depuis 2015, personne n’a fait la moindre allusion à l’état de ces bâtiments, à leur devenir, leur entretien. A nos questions sur les travaux, nous recevons pour toute réponse de la part de la municipalité qu’il n’y a pas de financements actuels envisagés, mais que, peut-être, après 2028, ce dossier sera étudié. Or, nous pensons que l’état de délabrement des bâtiments ne saurait attendre encore cinq ans.
Et nous nous permettons de réitérer notre interrogation et surprise quant à l’idée d’installer un « musée de la guerre » dans un lieu initialement dédié aux mémoires de la poudrerie et de l’histoire de l’Indochine française. Le projet proposé par l’association UFAC est peut-être intéressant, mais son objet débordant largement le cadre du CAFI, il nous semble difficile de lui trouver place au sein des bâtiments du CAFI, l’objectif patrimonial des lieux en serait, selon nous, détourné.
En vertu de l’implication et de la compétence de la préfecture dans les opérations liées au CAFi et au lieu de mémoire, nous sollicitons de votre bienveillance, un rendez-vous pour évoquer plus en détails avec vous cette question qui nous tient fortement à cœur. Sachant que votre agenda est lourdement chargé, vous est-il possible de nous proposer un créneau avant le 16 mars 2023, date à laquelle est prévue une nouvelle réunion organisée par la municipalité livradaise et l’association des anciens combattants du Lot-et-Garonne.
En vous remerciant à l’avance de l’attention que vous portez à notre histoire et à notre requête, et dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le préfet, en nos sentiments les plus respectueux.
Pour la CEP CAFI,
Daniel Frêche, le président
Nina Sinnouretty-Douart, vice présidente

Hommage aux rapatries d’Indochine au coup de force des Japonais du 9 mars 1945

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Calendrier (Timeline) de l’histoire du Centre d’Accueil des Français d’Indochine (C.A.F.I.)

Les premiers rapatriés de l’Histoire de France.

Cette timeline (calendrier comportant les principaux événements concernant le C.A.R.I. puis le C.A.F.I.) vous permettra de mieux connaître ces rapatriés d’Indochine qui ont vécu de1956 à nos jours dans ce centre d’accueil, qui devait être provisoire à l’origine.
Quelques conseils avant d’appuyer sur le lien.
Cliquez sur la flèche noire à droite pour faire défiler la timeline dans le bon sens. Pour revenir, appuyer sur la flèche de gauche. Vous pouvez lire les vidéos en cliquant sur la flèche située sur l’image de la vidéo. Pour le PDF sur le projet du lieu de mémoire, cliquez sur l’illustration et faites dérouler le PDF avec le roller de la souris ou avec le curseur. Bonne découverte.

Pour visionner LA TIMELINE, cliquez sur ce lien.

 

Où se situe le C.A.F.I. de Sainte-Livrade-sur-Lot ?

A consommer sans modération

Le Centre d’Accueil des Français d’Indochine se situe dans le Sud-Ouest de la France, dans la région Aquitaine, dans le département de Lot-et-Garonne, dans la commune de Sainte-Livrade-sur-Lot, à 107 kilomètres de Bordeaux, à 111 kilomètres de Toulouse, à 30 kilomètres d’Agen et à 10 km de Villeneuve-sur-Lot.

Vous pouvez cliquer sur les repères (les punaises de couleur) de cette carte interactive pour avoir plus d’informations sur le Centre d’Accueil des Français d »Indochine et ensuite sur les hyperliens pour voir les vidéos correspondantes. Cette carte a toutes les fonctionnalités de Google Maps.

Histoire et historique du C.A.F.I.

Le Centre d’Accueil des Français d’Indochine (C.A.F.I.), auparavant dénommé C.A.R.I. (Centre d’Accueil des rapatriés d’Indochine), renvoie à un épisode singulier de l’Histoire de la France. La défaite de Dien Bien Phu et les accords de Genève, en 1954, mirent un terme à la guerre d’Indochine. Progressivement, jusqu’en septembre 1956, le corps expéditionnaire français et l’administration se retirèrent. C’est à ce moment là que 30 000 rapatriés débarquent ainsi, la plupart par bateau, à Marseille. Certains ont des attaches et se dispersent sur le territoire, tournant ainsi plus aisément une page de leur vie, tandis que les autres, ayant dû généralement fuir précipitamment en laissant tout, sont pris en charge par l’administration française qui les place dans des centres d’accueil provisoires dont les plus importants sont Sainte-Livrade-sur-Lot (47), Bias (47), Noyant-d’Allier (03).

C’est au lieu-dit  » Moulin du Lot « , sur la commune de Sainte-Livrade-sur-Lot que fut installé le C.A.R.I., sur des terrains de l’armée. C’est donc dans 36 baraquements militaires en préfabriqué aux toits de tôle ondulée et sans confort qu’on accueillit cette population rapatriée : 1900 personnes, dont 740 enfants, beaucoup de veuves et de personnes âgées, arrivèrent en plusieurs  » contingents « . Les habitations ne comportaient ni salle d’eau, ni eau chaude, ni latrines. Le chauffage est au charbon. Le règlement, très sévère, de l’arrêté Morlot, s’apparentait à une discipline de fer. Les rapatriés étaient  » tenus  » dans ces lieux clôturés, où toute circulation était soumise à autorisation, où la possession d’un simple réfrigérateur ou d’une télévision était considérée comme un signe extérieur de richesse engendrant l’exclusion définitive de la cité.

© CEP - A vélo au CAFI.

© CEP – A vélo au CAFI.

A l’arrivée, chaque famille recevait en prêt le strict nécessaire inventorié par le responsable du matériel de la cité. Le Centre d’accueil était dirigé par un agent vacataire de l’État, en général fonctionnaire issu des colonies. Le premier directeur fut M. Rudler, avant même l’arrivée des familles, qui œuvra en même temps au centre d’hébergement de Creysse (Dordogne) et prépara la structure pour cet accueil spécifique. On connaît ensuite M. Henri Alquier, ancien officier de police en Indochine, qui resta d’août 1956 à août 1957 et à qui succéda M. Emmanuel de la Bretonnière de Chèque. Ce dernier dirigea le CARI de Sainte-Livrade-sur-Lot jusqu’aux premiers jours de 1959 et partit ensuite administrer le centre des rapatriés de Noyant, dans l’Allier. M. Marcel Tursan resta jusqu’en 1968, assisté à un moment donné par M. Jean Réal. A partir de 1968, M. Maurice Bouchet et son adjoint, M. Guy Durney, dirigèrent les deux centres de Bias, où étaient accueillies les familles rapatriées d’Algérie, et de Sainte-Livrade-sur-Lot. M. Maurice Bouchet fut remplacé en 1974 par M. Robert Boutin qui resta deux ans. M. Guy Durney fut le dernier directeur du C.A.F.I., de 1976 à 1986.

Les enseignants (MM. Buisset, Vergne, Koenig, Dandy, Mmes Gorie, Sabaté, Couderc…), qui prirent en charge l’école créée sur place pour la formation des nombreux enfants du centre avant qu’ils ne rejoignent progressivement les écoles communales (en 1967, il restait seulement trois classes maternelles au C.A.F.I.), furent aussi des acteurs de ce lieu de vie.

Le docteur Daoulas, médecin de la marine, pour son implication auprès des populations à travers ses activités de gestion et d’animation du dispensaire, officiellement installé en 1960, restera aussi un personnage important qui eut pour collaborateurs des infirmier(e)s et assistantes sociales.

La Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Sainte-Livrade-sur-Lot s’intégra physiquement au centre et participa, tout comme la CIMADE (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués), présente pendant quelques années, à l’intégration des jeunes.

© CEP

© CEP

Soyons clairs : à Sainte-Livrade, étaient hébergés les « incasables ou non reclassables « , c’est-à-dire les hommes handicapés ou malades, les personnes âgées, les veuves chefs de famille nombreuse et ne parlant pas ou peu le français. Tous ceux-là représentaient la majorité, mais non la totalité, des ayants droit. Avec peu d’hommes jeunes ou en âge de travailler, les diverses mesures d’action sociale se sont souvent avérées vitales pour la communauté indochinoise. Malgré tout, certains furent engagés pour des travaux agricoles saisonniers (notamment des femmes et des enfants) ou pour l’atelier de fabrication de chaussures installé dans le camp de 1966 à 1976 ; d’autres partirent s’installer dans de plus grandes villes. Peu à peu, le camp s’est vidé, les deuxième et troisième générations revenant seulement en été.

Au début des années 80, l’État signa une convention avec la commune de Sainte-Livrade-sur-Lot pour lui céder le bâti, le foncier et la gestion avec une promesse de subvention pour le fonctionnement. En 1983, la commune décida de municipaliser le C.A.F.I. et de l’intégrer au reste de la ville. En 1999, la municipalité s’engagea, avec l’aide de l’État, dans un programme dit de  » travaux d’urgence « , avant de lancer, en 2002-2004, une enquête relative à la réhabilitation des lieux. Quelques personnes âgées demeurent encore là, attachées à leurs racines retrouvées, luttant contre la démolition du centre, en vue d’une réhabilitation totale souhaitée par la municipalité. Avec elles, les associations (Mémoire d’Indochine, ARAC [Association des résidents et amis du C.A.F.I.], C.E.P.-C.A.F.I. [Coordination des Eurasiens de Paris-C.A.F.I.], ADRI [Association de défense des rapatriés d’Indochine]) s’opposent à la destruction des baraques pour y reconstruire des logements sociaux…

On attribua toujours au C.A.F.I. un caractère provisoire,
cependant 55 ans après, il existe toujours. En effet, comment parler
de provisoire lorsqu’on installe dans la structure des personnes
incasables ou non reclassables qui n’arriveront pas à s’en sortir ?

C'est notre passé qui traverse l'écran

C’est notre passé qui traverse l’écran

Malgré les manifestations des habitants du camp qui ont montré leur hostilité à ce programme de réhabilitation, les opérations de démolition ont commencé à partir de 2010. Au fur et à mesure que les bâtiments insalubres disparaissaient, s’effaçaient en même temps toutes les traces et les repères qui constituaient toute l’histoire des rapatriés d’Indochine de Sainte-Livrade depuis plus de 55 ans. Le relogement des habitants dans de nouvelles constructions aux normes de confort et de sécurité, les nouvelles résidences ne suffisent pas à préserver le caractère historique de ce site. Il s’agit surtout de sauvegarder les traditions, les coutumes de ces personnes âgées, de préserver un certain état d’esprit, une façon de vivre. Il faut que le C.A.F.I. continue de représenter pour tous le dernier symbole vivant de la présence française en Indochine. En 2014, au terme de la rénovation du C.A.F.I. et avec la démolition des bâtiments, c’est aussi un peu l’âme du C.A.F.I. qui s’en va.

Le combat des habitants et des associations pour un projet de lieu de mémoire a abouti, pour le moment, à la préservation d’un espace mémoriel dans lequel 4 bâtiments ainsi que les anciens lieux de culte (pagode et église) constituent les derniers témoins de l’ancien C.A.F.I. Ce combat continue pour qu’un véritable lieu de mémoire puisse voir le jour au C.A.F.I.

© CEP

© CEP

Vous pouvez voir les propositions de la C.E.P.-C.A.F.I. sur le lieu de mémoire et en débattre en cliquant sur ce lien.

Diaporama CAFI de 1956 à nos jours.
Rétrospective en diaporama de l’histoire des rapatriés d’Indochine qui sont arrivés à Sainte-Livrade-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, en 1956.

Hommage aux mères «courage» du camp de Sainte-Livrade
Ce blog leur est dédié. Après la guerre d’Indochine, elles ont été doublement trahies : par l’Etat et par leurs « maris ».

Trahies par un Etat pusillanime, qui a abusé de leur faiblesse, qui les a complètement ignorées et abandonnées avec leurs enfants. Ces femmes qui n’avaient aucune raison de remettre en question le fait que la France allait leur offrir une vie plus tranquille. Comment peut-on imaginer, aujourd’hui, que l’on puisse expatrier des femmes et leurs enfants, les couper de leur culture tout en revendiquant de les sauver, puis les laisser là… parqués pendant 50 ans, sans ressources.

Trahies, pour celles qui n’étaient pas mariées, par ces hommes auxquelles elles croyaient et qu’elles aimaient, à qui elles ont donné des enfants, qui leur ont promis un avenir meilleur en métropole et qui les ont oubliées, elles et leurs propres enfants, dès qu’elles ont posé un pied sur le sol métropolitain.

Quelques mamans choisies au hasard…

Quelques mamans choisies au hasard…

Hiver 1956, après une nuit passée dans le train reliant Marseille à Agen, puis amenés en autocars jusqu’à Sainte-Livrade-sur-Lot, 1 900 Français d’Indochine (1 160 adultes, 740 enfants) arrivent à la Cité d’accueil des rapatriés d’Indochine. Ces rapatriés, pour la plupart, ont dû auparavant quitter le Nord pour le Sud du Viêt-nam, ils ont ensuite attendu à Saigon, dans des camps, avant de prendre le bateau pour Marseille et d’être hébergés dans plusieurs centres de transit en France (Le Luc, Le Cannet-des-Maures, dans le Var, par exemple) avant d’arriver sur cette terre verdoyante lot-et-garonnaise. Les autocars déversent leur flot de passagers. Parmi cette foule, beaucoup de femmes, veuves de soldats français ou oubliées par leurs « maris ». Ces derniers sont repartis vivre avec leurs femmes et gosses restés en métropole, les abandonnant avec leurs ribambelles d’enfants dans un pays qu’elles ne connaissaient pas du tout, certaines d’entre elles ne parlant même pas le français. Peu d’hommes parmi les arrivants. Les enfants sont incroyablement métissés (filles et fils de soldats français, tirailleurs marocains, sénégalais, légionnaires roumains, polonais, émigrés russes, allemands…). Presque tous portent des noms français ou hérités de l’empire colonial. Ils sont là car les enfants de l’ennemi n’étaient plus les bienvenus, ils étaient les grands perdants de cette guerre.

Toutes ces femmes avaient « épousé » des Français. « Epousé », en langage colonial, signifie que le militaire a vécu un temps avec sa femme indochinoise – le temps de son engagement militaire en Indochine – avant de retourner au pays retrouver femme et enfants. Sans se soucier un instant du sort de ces rapatriées et de leurs enfants

« Mon père, officier dans l’armée française, est venu à Sainte-Livrade, en 1956, pour un entretien avec le directeur du camp. Il voulait savoir si ma mère, mon frère et moi (ses deux enfants, qu’il n’a même pas reconnus) étaient parmi la liste des rapatriés fraîchement débarqués. Son souhait : récupérer seulement le garçon, pour en faire plus tard un officier de l’armée. Choqué par ce comportement et la lâcheté du personnage d’en face, le directeur lui mentit en disant qu’il n’y avait aucune personne avec ce nom-là sur la liste des rapatriés admis dans la cité. Le lendemain, il avisa ma mère du passage de notre père biologique et lui transmit quand même le message. Il est évident qu’elle n’a pas donné suite à cette demande. Un père qui choisit son enfant, un mâle, comme un chiot dans une portée, ne mérite pas qu’on lui confie son gosse, me dira plus tard ma mère », nous avoue une dame. « Je ne me souviens pas de mon père, il nous a abandonnées quand ma mère était enceinte de ma sœur. Il est parti en vacances en France et il n’est jamais revenu. Ma mère a eu le cœur brisé. Elle est morte de chagrin », se souvient une autre dame du camp. De nombreuses autres femmes se sont retrouvées dans ce cas, abandonnées par leur compagnon français, ou veuves, sans argent, parlant à peine le français. Depuis, elles ont été cantonnées là.

Malgré toutes ces trahisons, ces femmes (nos mères), au-delà de la barrière de la langue et de la lâcheté de l’Etat français, ont lutté de toutes leurs forces pour élever dignement leurs enfants seules.

«Nous avons été chassés de chez nous. Il a fallu partir, en 1954 déjà, du Nord vers le Sud. Et puis en 1956, s’en aller définitivement. Quand nous sommes arrivés, tout ce qui comptait pour nous, c’était déjà d’avoir de quoi être à l’abri du vent et de la pluie. Parce que ça, c’était déjà beaucoup. » Celles à qui leurs maris avaient dit que les femmes ne devaient pas travailler ont dû se retrousser les manches, partir dans les champs à la cueillette d’un salaire de misère, entrer à l’usine… Elles ont tenu car « que feront les enfants si je ne suis plus là ? ». Alors elles ont tenu bon. Leurs enfants ont bien « réussi». Ils sont leur fierté, leur consolation, le sens de leur histoire difficile.

Elles ont ainsi toutes décidé de rester dans ce camp. « J’ai enfin trouvé mon chez moi ici », murmure une de ces mamies. Sur le sol de Sainte-Livrade, dans ce camp, il y a eu trop de larmes, trop d’efforts et trop d’espoirs pour partir.

Plus de cinquante ans après, ces femmes ne sont toujours pas sorties du brouillard

Plus de cinquante ans après, ces femmes ne sont toujours pas sorties du brouillard

En 2010, il reste moins d’une centaine de « rapatriés d’Indochine » dans le camp, tous âgés et usés par la vie. Ceux qui sont restés étaient les plus fragiles, les plus démunis. Les mamies n’ont jamais rien demandé. Sans doute étaient-elles trop fières pour se plaindre. Placées sous la tutelle de huit ministères successifs, on les a tout simplement ignorées. Comme les petites poussières d’un empire colonial disparu…

« L’Etat ne gère que l’urgence, ne réagit que lorsqu’il y a le feu », avoue un haut fonctionnaire qui a essayé de s’occuper du dossier il y a quelques années. « Si les Harkis ont obtenu quelques compensations, même si elles sont bien maigres, c’est parce que la deuxième génération s’est révoltée. Les Vietnamiens n’ont jamais élevé la voix, ils n’ont rien eu. »

A nous, filles, petites-filles, fils et petits-fils de ces mamies, de méditer sur cette dernière phrase. Pour que l’Etat français réhabilite un jour la mémoire de ces femmes oubliées et trahies. Pour qu’une place importante leur soit réservée dans le futur lieu de mémoire. Pour qu’enfin, leurs cris, longtemps contenus, soient enfin entendus…

Rapatriement en France des enfants eurasiens de l’ex-Indochine par la FOEFI

Vouvray
Après la fin de la guerre d’Indochine, la Fédération des Œuvres de l’Enfance Française d’Indochine (FOEFI) envoya en France des centaines d’enfants eurasiens. Des bébés, des enfants, des adolescents sont devenus des objets de politiques voulues par les autorités françaises et mises en œuvre par des organisations diverses. Des mères ont été séparées de leurs enfants ; des pères – qui dans l’immense majorité des cas n’avaient pas reconnu ces enfants – sont restés ignorants de leur sort et de celui de leurs mères. L’article que vous allez lire (fichier PDF de 12 pages) vise à évoquer les pratiques mises en œuvre pour acculturer les enfants, les débats qu’elles ont suscités dans les années 60…

Vouvray classeChronologie en Indochine
Chronologie de la présence française en Indochine (1859 à 1956)
18 février 1859, la France occupe Saigon.
Août 1863, le Cambodge devient un protectorat français.
9 juin 1885, le Viêtnam devient français.
1887, création de l’Union indochinoise qui regroupe la Cochinchine, le Cambodge, l’Annam et le Laos, aux statuts différents.
1914-1918, les troupes coloniales participent à la Première Guerre mondiale (lire l’excellent article d’Antoine Flandrin, journaliste au monde.fr, daté du 1er mars 2014).
1927, fondation du Parti populaire vietnamien.
9 février 1930, insurrection nationaliste de Yen Bay.
30 août 1940, accord entre le gouvernement de Vichy et le gouvernement japonais, auquel sont accordées des « facilités militaires » sur le territoire indochinois.
18 mai 1941, fondation du Viêt-minh.
9 mars 1945, les Japonais prennent le contrôle administratif et militaire du territoire. Ils placent au pouvoir Bao Dai, ex-empereur d’Annam.
25 août 1945, Bao Dai abdique.
2 septembre 1945, capitulation du Japon. Le Viêt-minh d’Hô Chi Minh proclame l’indépendance de la République démocratique du Vietnam.
23 septembre 1945, prise de Saigon par l’armée française.
6 mars 1946, accord Sainteny-Hô Chi Minh reconnaissant le Vietnam comme un Etat libre au sein de l’Union française.
Juin 1946, l’amiral Thierry d’Argenlieu, gouverneur général d’Indochine, a doublé la conférence de Fontainebleau de mars 1946 par une autre à Dalat et il a, non pas confirmé le protectorat sur la Cochinchine mais créé de toutes pièces un nouvel Etat opposable à la République Démocratique du Vietnam, c’est l’Etat de Cochinchine, transformée en République du Sud-Vietnam plus tard par Diem.
19 novembre 1946, échange de tirs entre une jonque chinoise appartenant à des nationalistes vietnamiens et la douane française dans le port de Haiphong.
23 novembre 1946, l’armée française bombarde Haiphong.
19 décembre 1946, le Viêt-minh passe à l’offensive à Hanoi, début de la guerre d’Indochine.
1949, victoire de Mao en Chine.
Été 1950, guerre de Corée.
7 mai 1954, chute de Diên Biên Phu.


21 juillet 1954, accord de cessez-le-feu et non armistice signé à Genève. C’est une nuance importante pour au moins deux raisons : d’une part, il s’agit de mater une rebellion et non pas de mener une guerre contre un autre Etat, même si la République Démocratique du Vietnam, proclamée par Ho le 2 septembre 1945, a été reconnue par certains Etats, puis de soutenir l’Etat du Sud contre le Vietminh, et, d’autre part, à Genève, les principaux protagonistes étaient l’ancienne puissance tutélaire, le Vietminh et le gouvernement de Bao Dai-Ngo Dinh Diem, c’est pourquoi il n’y a encore aucun texte pour définir l’Indochine comme théâtre de la guerre entre la France et le Vietnam, contrairement à la guerre d’Algérie qui, elle, a été reconnue comme telle en 1999.

Les billets de Banque et les pièces en Indochine
Nous vous présentons les billets de banque et les pièces utilisés pendant la période de l’Indochine française. La monnaie s’appelait « la piastre ».

La romanisation de l’écriture : le père Alexandre de Rhodes
En 1310, Odoric de Pordenone débarqua sur la côte d’Annam devant laquelle Marco Polo n’avait fait que passer vers 1285. Mais ce n’est que trois siècles plus tard que les contacts s’intensifièrent à partir du moment où les Portugais eurent le droit de s’implanter à Canton en 1517 et surtout à Macao en 1558. Les Espagnols et les Hollandais suivirent peu après. A cette époque, à côté des marchands et des fondeurs de canon, quelques missionnaires sont recherchés pour leurs connaissances médicales ou scientifiques.
C’est ainsi que, dès 1533, avant l’arrivée du père de Rhodes, on retrouve la trace de missionnaires catholiques en Indochine. Des franciscains, des dominicains, des augustins portugais, italiens ou espagnols se sont succédé, mais leurs prédications se sont heurtées à une ferme opposition des souverains, grands prêtres, mandarins, lettrés, eunuques du palais défenseurs intéressés de la polygamie.

Le père Alexandre de Rhodes

Le père Alexandre de Rhodes

Le père de Rhodes, lui, va rencontrer de grands succès qui peuvent s’expliquer par ses qualités de cœur et d’esprit auxquelles il joint une connaissance approfondie de la psychologie des individus et des foules. C’est un entraîneur d’hommes et un organisateur hors pair, enfin, il est le premier à avoir compris l’intérêt majeur qu’il y a pour un missionnaire à pouvoir s’adresser directement à ses ouailles sans recourir à un interprète. Il reconnaît avoir été effrayé par les difficultés de cette langue mais il se jeta à l’eau et se familiarisa si vite qu’il fût en mesure de confesser (de comprendre) quatre mois après son débarquement et six mois après de prêcher (de parler), s’assurant de ce fait une large audience auprès des divers auditoires en état de réceptivité. La transcription par l’alphabet latin des langues s’écrivant en caractères chinois ou sinoïdes a été probablement tentée pour la première fois en 1548 par Yajiro, Japonais converti et baptisé par saint François-Xavier. Assez vite, les missionnaires européens évangélisèrent les Nippons de Faifo dans leur langue, avec des livres en romanisation sortis des presses jésuites japonaises. De là à tenter la romanisation du vietnamien, il n’y avait qu’un pas. Ainsi, sur le type du rômaji, et après avoir maîtrisé le cochinchinois, de Rhodes contribua à forger une méthode. Avec plusieurs de ses frères, il créa un système d’écriture exprimant, non plus des idées, par le moyen d’une multitude de signes, mais seulement de quelques sons avec lesquels sont formés tous les mots du vocabulaire. De ces efforts conjugués sortit une transcription nouvelle de la langue annamite, purement phonétique, fondée sur les 24 lettres de l’alphabet latin, agrémentés de quelques signes conventionnels particuliers. Le Vietnam se trouva dès lors pourvu d’une écriture bien à lui, d’un langage national, le quốc ngữ.
De Rhodes, personnage hors du commun, rapprocheur d’hommes, a donné au Vietnam un instrument d’affranchissement intellectuel et de diffusion culturelle inégalé en Extrême-Orient. Le pouvoir mandarin fut menacé par cette nouvelle langue se rapprochant des normes européennes tout en se détachant de ces racines chinoises millénaires. Dès le XVIIe siècle, le vietnamien devint lisible par les Occidentaux, l’Eglise et l’administration coloniale s’en servirent. Au XIXe siècle, il fut progressivement adopté par la population qui l’a modifié en le complétant avec des accents adaptés à la prononciation vietnamienne. Mais le prestige séculaire du caractère chinois fut cependant long à disparaître. C’est seulement à partir de 1919 que le quốc ngữ devint l’écriture nationale du Vietnam.

Machine à écrire Olympia Splendid 33, disposition AĐERTY, utilisée au Vietnam dans les années 1960. © Creative Commons

Machine à écrire Olympia Splendid 33, disposition AĐERTY, utilisée au Vietnam dans les années 1960. © Creative Commons

De nos jours, il est usité dans la quasi-totalité du territoire. Bien sûr, ce n’est pas de Rhodes seul qui a inventé cette méthode, c’est une œuvre collective à laquelle participèrent d’autres religieux, mais il a joué un rôle essentiel dans sa création car, grâce à ses publications, et notamment en 1651 son Dictionnaire annamite portugais et latin, il a systématisé, perfectionné, vulgarisé ce nouveau mode d’écriture. Même si, au départ, l’intention était tout autre, à savoir mettre au point un outil au service de la diffusion de la religion, Alexandre de Rhodes a finalement permis a une grande partie de la population d’accéder plus rapidement à la connaissance.

DES TONS, DES ACCENTS
La langue qui est aujourd’hui en usage dans tout le Vietnam se prononce avec des accents qui comprennent six tons, ressemblant à nos six notes de musique, do, ré, mi, fa, sol, la. Ces accents sont comme l’âme, le caractère et l’intelligence des mots. Ils ne sont pas écrits mais seulement exprimés en prononciation, ce qui rend très difficile la compréhension des écrits.

QUELQUES ELEMENTS DU QUOC NGU

L’alphabet du quốc ngữ comprend 29 caractères, pour la plupart des caractères latins : A Ă Â B C D Đ E Ê G H I K L M N O Ô Ơ P Q R S T U Ư V X Y.
Les voyelles A Ă Â E Ê I O Ô U Ư peuvent être surmontées d’un signe diacritique indiquant le ton sur lequel elles doivent être prononcées.
A ces signes pour les tons, il faut ajouter l’accent circonflexe, la barre sur le d ( đ ), la brève et enfin la barbe ou corne, par exemple sur le u de ngữ. Tous ces signes peuvent se combiner à ceux qui notent les tons mais leur fonction propre est seulement de modifier la prononciation de la lettre.
Une des grandes difficultés du vietnamien, c’est que toutes ces différences de tons et d’accents se retrouvent quelquefois en un seul mot avec autant de différences de signification.
En voici deux exemples :
la (sans accent) : la note la, verbe crier ;
(accent grave) : verbe être ou verbe repasser (le linge) en tonkinois
(accent aigu) : feuille ;
lả (crochet) : fatigué ;
(tilde) : eau non bouillie ;
lạ (point) : inconnu, bizarre ;
bao : envelopper ;
bào : raboter ;
báo : journal ;
bạo : osé ;
bão : typhon ;
bảo : conseiller.
À la suite de la colonisation française, le vietnamien a plusieurs mots qui dérivent du français. En voici quelques exemples.

Affiche : áp phích, acide : axit, aiglefin : cá êfin, anis : cây anit, antenne : an-ten,
antenne parabolique : anten parabôn, artichaut : cây atisô, aspirine : atpirin,
autobus : xe buýt, auto : xe ô tô, balcon : ban công, ballet : ba lê, beurre : bơ,
bière : bia, billes (jeu) : bi, biscuit : bánh bich quy, biftek : bít tết, bombe : bom,
bougie (de moteur) : buji, bouillabaisse : món buiabet, boulon : bu lông, café : cà phê, cantine : căng tin, caoutchouc : cao su, chemise : áo sơ mi, carotte : cà rốt,
chocolat : sô cô la, ciment : xi măng, cinéma : xi nê, cognac : rượu cô nhắc,
corset : coocxê, coup : , capote : capốt ou bao cao su, cravate : cái ca vát,
crème glacée : kem, dollar : đồng đô la, divan : ghế đi văng, drap : dạ,
épinard : rau bi na, essence : xăng, fermeture éclair : phéc-mơ-tuya, film : phim, fromage : phó mát, gâteau : bánh ga-tô, gant : găng, gare : nhà ga, gilet : áo gi lê,
gin : rượu gin, gomme à effacer : gôm, guidon : ghi đông, guitare : đàn ghita,
jambon : giam bông, jeans : quần jean, laine : len, manteau : măng tô,
moutarde : mù tạt, œuf au plat : op la, pâté : pa tê, piston : pittông,
pourboire : tiền buột-boa, poupée : búp bê, salade : rau xà lách, sandwich : xăngđuýt, saucisse : xúc xích, savon : xà phòng, sirop : xi rô, soupe : xúp,
soutien-gorge : cái xu chiêng, timbre : tem, veston : áo vét tông, valise : cái va li,
vodka : rượu votca, whisky : rượu uytky, zéro : cê-rô.