« Métissages »
Charly Arpage nous envoie son manuscrit toujours plein de souvenirs d’enfance. Nous nous permettons de vous le retransmettre avant que notre mémoire disparaisse. Bonne lecture. Ce manuscrit a été publié sur le forum du site http://www.rapatries-vietnam.org/, site du Collectif des Eurasiens pour la Préservation du CAFI (CEP-CAFI). Envoyez-nous vos récits et souvenirs à l’adresse mail suivante : cafi47110@gmail.com. Ce blog est fait pour vous.
« Depuis longtemps j’avais le projet d’écrire quelques lignes sur le métissage. Non, pas seulement celui des mélanges des races que chacun peut mesurer à la couleur de sa peau et au décliné plus ou moins étiré de ses paupières, mais celui des mélanges des cultures. N’en déplaise aux autochtones de l’empire de la prune et des haricots verts, il est vrai qu’être à la fois en « tenue longue » mais coiffé d’un « casque colonial » cela fait un peu carnavalesque !
Si ma mémoire est bonne, cela devrait se situer en 1957. Nous étions des « scouts de France » (des sicoutis en patois des bords du Lot) et nous participions à un très grand rassemblement de nature jamboree à AGEN. A midi, chacun des scouts du CARI (le mot CAFI ne viendra que plus tard) avait été affecté dans une famille d’accueil. J’arrivais donc dans une grande maison bourgeoise sise au cœur de la cité, à deux pas de l’église, et si les tableaux des ancêtres ne masquaient pas les tièdes pâleurs des murs, des bibelots placés ci-et-là soulignaient l’épaisseur des souvenirs qui devaient y séjourner. Vrais gisants dans ces quartiers d’alcôves. Nous étions bien loin du poêle à charbon, du lit picot fer forgé, des draps gris Sambre-et-Meuse, des WC à la turque et de la petite table pin des Landes…
Cela commença par un petit potage – aux asperges et vermicelles – que l’on nous servit dans un bol lui-même posé sur une assiette bleue. La gouvernante (j’en avais déduit que c’était une gouvernante espagnole car elle portait, sur un ensemble sombre, un petit tablier blanc ajouré de dentelles que je revis maintes et maintes fois, plus tard, dans des films de Luis Buñuel), plantée derrière moi, à hauteur d’oreille gauche, ne s’excusa pas de n’avoir pu y mettre – aussi – des baguettes mais son demi-sourire – crispé – ne me démentait pas de cette sensation – indescriptible – que j’étais là, non pas par la grâce d’un Bon Dieu commun, mais un peu comme un singe savant qui portait une petite croix de Jésus au-dessus d’un « toujours prêt » !
La soupe était là qui nous regardait, dans ce petit bol, et chacun attendit – je crois – la virtuosité avec laquelle j’allais user de la cuillère d’argent, parfaitement imprégné du seul fait que je n’eusse pu jouer que des baguettes si on en croit les clichés, rafraîchis, des coloniales peintures. J’étais à des millions de lieues de cet endroit où il m’était insupportable d’être à la fois et « colonisé et colonisant », tout juste capable de me demander « pourquoi les autochtones mangeaient de la soupe à midi et, de surcroît, dans des bols ». Cette découverte m’interpella longtemps. Par éducation – plus que par crainte maladive – j’attendis qu’on me fit signe que nous pouvions commencer pour démontrer que j’avais plus de dextérité dans le maniement de la cuillère que ces « cestui-là » en celui des baguettes. L’avenir me conforta, évidemment…
« Mon père chassait le tigre…»

Tigre lumière tué lors d’une chasse en Indochine. © DR
Tandis que le repas se poursuivait au rythme des cliquetis des fourchettes sur les couteaux aux fines ciselures, les deux scouts – autochtones – échangèrent quelques propos sur les exploits de leurs pères respectifs. Des fils de vrais chasseurs, de vrais chasseurs de lièvres, de cailles et de perdrix, avec des fusils, de vrais fusils à double coup. Le plus âgé m’interpella – avec cet accent d’Oc de retenue – « et vous ? ». Inutile de chercher ailleurs. Il ne pouvait y avoir d’autre « vous » que « moi » ! Mais que leur dire ? Il est des instants où ces instants ressemblent en cette fin de monde si attendue, si inattendue mais qui arrive si précipitamment pour ainsi dire et pour vous saisir au cou à l’improviste. Singe retenu par une main à cette asiatique liane qui me reliait – d’un fil – à tous mes antécédents gnac’hué, accroché au désespoir de mes doutes, suspendu au-dessus d’un précipice – d’un noir très sombre – qui m’absorbait déjà par le bas, vidé de tout sens commun, j’eus pourtant, dans un sursaut d’orgueil, une virevolte d’esprit – qui remisa le casque colonial que je portais sur cette partie de moi-même tout juste chaussé de tongs taillés bois des rizières du Haut Annam – et leur répliquais dans un français très académique, presque sans accent et sans l’ombre du moindre doute : « le TIGRE ! ». Le silence qui suivit cette impériale mise à mort est toujours indescriptible. Mon père chasse le…. tigre ! Avais-je ajouté à ces deux sicoutis restés bouche bée. Oui, le tigre ! J’insistais avec autant de malice que le nombre de coups de fusil que mon père n’avait jamais donné. Le colonisé devenait colonisant qui pouvait piaffer – de joie – d’avoir en ce face-à-face – décousu – dans ce pesant huis-clos, que de simples chasseurs de palombes… En deux mots, j’étais l’alpha qui se conjuguait à l’oméga du superlatif ou de l’impossible !
Ce jour-là, je compris la force des mots car mon père n’avait pas plus tué de tigres que Tartarin de Tarascon ! Ce jour-là, j’avais à mes côtés tous les « de La fontaine, tous les Victor Hugo, tous les Verlaine, tous les Villon, tous les Prévert » dans la suprême candeur de celui qui n’avait, somme toute, qu’un poème d’avance…
Le rapatrié d’Indochine à la cloche de bois – DC3, Tasmania – qui avait élu domicile – en cette Mère Patrie – au bâtiment O numéro 6 en ce mois estival de juillet 1956, avait mis un tigre – indochinois – entre ses pensées et la pesanteur de la réalité. Car le Franco-Vietnamo-Corse que j’étais ne pouvait oublier qu’un quelconque quidam du coin avait lancé à sa Mère-Grand – qui venait pour voter, Légion d’Honneur et Médaille Militaire de son défunt mari mort au champ d’honneur sur la poitrine et sourire laqué noir – « Pas les macaques ! ».
Cette « macaque », c’est ma grand-mère qui dort là-bas en ce coin du Lot, qui priait son Dieu dans un « Chim chim Bouddha », qui scandait les « Je vous salue Marie » des trois frères que nous étions, à genoux, dans ce temple improvisé – fait de rouges rideaux de récupération – entre les offrandes aux ancêtres et les photographies postcoloriées de la Vierge Marie. Je m’accommodais pleinement de cette situation – loufoque – en m’imprégnant pleinement des fumées d’encens, du tintamarre du bout de bois cognant ses « tac tac tac » sur une demi-boîte de haricots verts renversée et du « Pater Noster » récité dans un latin à la fois balbutiant et approximatif. Quel que puisse être l’inconfort caoutchouteux et flasque de mes croyances qui se régénérait dans d’interminables histoires de « mâ cuï » (démons) aux mines patibulaires que mes sœurs nous contaient alors qu’une cohorte de moustiques faisaient fi au « fly tox » que mon frère pompait à bout de bras, je mesurais l’immensité de mon imagination, même si je savais que le curé de ce coin du Moulin du Lot en viendrait – du haut de ses deux mètres – à me tirer les oreilles. On ne mélange pas impunément les ancêtres et les saints des cieux. Quoi qu’il puisse arriver à mes lobes, je ne pouvais que constater que les ancêtres que nous avions n’avaient pas très grand appétit et s’accommodaient – pleinement – de la silencieuse présence de ces autres saints des cieux ! C’est ainsi, dans cet universalité interchangeable que seuls les déracinés déclinent avec la candeur de leur jeune âge que je pus passer – du jour au lendemain, sans perdre haleine ni crier garde – de la Baie d’Hâ-Long (inscrite au patrimoine mondial) à ce coin de Tahiti Plage (petit coin de verdure situé au bord du Lot, sur la route de la campagne) que nulle carte d’état-major n’avait répertorié de cette plume Sergent Major comme chacun sait !
Une page va se refermer sur ce petit coin de France et les officiels qui se sont succédé depuis 1956, vont pouvoir y ériger, sous le joug conjugué des « mamies », de Nina Sinnouretty-Douard et des « Associations de défense », quelques bâtisses d’une banalité si ordinaire que le Moulin du Lot y perdra, sinon son âme, du moins cette senteur de nuoc-mâm qui m’était si familière.
Une page va se refermer sur ce petit coin de France et les experts-historiens de tous poils et de toutes obédiences vont y jeter leurs milliers de pages de connaissances et d’explications.
Une page va définitivement se refermer sur ce petit coin de France et, pourtant, une toute dernière fois, avant que ces alignements grisâtres ne deviennent les proies des pelleteuses, ma mémoire s’évade encore vers ces amis qui s’en sont allés puis endormis dans ce cimetière, vous savez, à quelques enjambées du « petit-pont », là, sur la droite après la descente où les deuch deuch faisaient leurs embardées et les plus jeunes, à la pêche, ramenaient des poignées de calicobas.
Une page va définitivement se refermer sur ce petit coin de France quelques décennies après une défaite qui sonna comme un glas : DIEN BIEN PHU, 7 mai 1954. »
Merci Charly pour cette contribution.
Comme Charly, tous ceux qui ont habité un peu ou longtemps au camp peuvent envoyer leurs souvenirs sur ce blog. Même quelques lignes, juste un petit événement qui vous a marqués, une petite histoire dont vous vous souvenez…
« Le temps des haricots »
Il était 6 heures du matin, la vallée du Lot était couverte d’une brume épaisse et humide. M. Dumont, agriculteur du « petit pont », s’arrêtait à l’entrée du camp, cinq dames âgées d’une cinquantaine d’années et moi-même, nous nous engouffrions dans sa minuscule camionnette, réservée en général au transport des sacs de haricots ou des cageots de prunes. Le paysan nous emmenait devant un immense champ de haricots, il distribuait à chacun un panier en bois, assez lourd surtout quand il était mouillé et couvert de boue. Les dames étaient bien équipées, coiffées d’un chapeau conique, chaussées de bottes, emmitouflées dans leur imperméable, assises sur un petit tabouret fabriqué par elles-mêmes, elles plongeaient leurs mains dans le feuillage touffu puis elles cueillaient les haricots verts avec une adresse impressionnante, sans abîmer toutefois les fleurs des plantes. La technique de ramassage consistait à rabattre le feuillage d’un côté avec la main gauche et à arracher ou à cueillir les haricots avec la main droite.
Le dos courbé, les jambes écartées entre les rangées de plantes, je ramassais délicatement ces haricots en choisissant la taille recommandée par le paysan, pas trop fine ni trop grosse. Au bout de 1 heure, mon dos commençait à avoir des courbatures insupportables et mes mains étaient gelées car le feuillage était recouvert d’un givre matinal. Je me mettais alors à genoux pour soulager quelques instants mon dos. Après 5 h de ramassage sans interruption, la faim nous gagnait. Nous déjeunions dans une grange, pas de chaise ni de table, au milieu des sacs de haricots, par terre. Le repas que nous avions préparé la veille était simple, composé en général de riz, de porc au caramel et d’un peu de légumes sautés. La journée de travail était longue et durait entre10 h et 11 heures. Le soir venu, nous étions épuisés. Le paysan ne nous payait qu’à la fin de la semaine, sans fiche de paie, avec de l’argent en liquide. On ne travaillait quand même pas pour des prunes.
Aujourd’hui, 45 ans après, par nostalgie, je plante les haricots verts dans mon jardin. Je prends un immense plaisir à les cueillir quand ils sont longs et fins. Evidemment, je conserve encore les gestes techniques de ramassage mais j’ai du mal à rester longtemps le dos courbé ou au soleil.
« Parcours de vie d’un Eurasien »
L’amour a fait de moi un enfant appartenant à deux continents. Maman est une jolie et exotique paysanne indochinoise d’une province verdoyante du delta tonkinois de la région de Kiên-An. Papa est un vigoureux Européen de la région bordelaise, descendant basque, né à Mérignac en Gironde. Il avait 20 ans et servait dans l’armée française. Je suis né sur cette magnifique et nostalgique terre indochinoise, enfant d’un continent féerique, mystique, descendant des Fils du Dragon, terre bordant l’océan Pacifique. Pour la France, l’Indochine est simplement la plus belle perle de l’Asie, et aussi la plus amoureuse de ses colonies.
Comme tous les Eurasiens, c’est ainsi que l’on nous a dénommés, nous avons grandi au sein de nos parents asiatiques. Si nous parlions le français, nous dialoguions également en indochinois, et nous sommes imbibés de la culture de nos ancêtres maternels. Nos pères étant trop occupés ailleurs pour s’impliquer dans notre éducation, très souvent ils étaient même tués au champ de bataille. Nous voilà orphelins de père ou de mère, et tout de suite plongés dans une situation extrêmement précaire. Plus souvent, les efforts de nos mères étaient vains devant les besoins matériels et leur immense amour ne pouvait arrêter la marche du destin, qui nous conduisait inexorablement vers l’orphelinat, puis à l’Ecole des Enfants de Troupe. Bien sûr, pour les Indochinois, nous étions des «tête de poulet-cul de canard». En France, nous serons simplement des Chinois, et parfois d’autres sortes de Jaunes…
Aucun clan ne voulait accepter ces «Eurasiens». A l’Ecole des Enfants de Troupe, en dehors de la discipline, stricte et rigoureuse, nous étions rassemblés par tranche d’âge. Comme tous les enfants, nous allions jusqu’au certificat d’études, et, pour quelques-uns d’entre nous, un peu plus loin. Enfants, nous découvrions que le fait d’être uni et solidaire nous rendait plus capables d’affronter l’infortune. C’est ainsi que nous restions fraternellement en un seul bloc. A 18 ans, nous devions contracter un engagement de 5 ans, afin de rembourser nos études à la République et l’assistance qu’elle nous avait fournie. C’est ainsi que nous quittions Dalat, notre belle école. Pour certains d’entre nous avec détermination, pour d’autres avec une timide confiance, et, pour le reste, une forte dose d’incertitude sur ce qui allait leur arriver. Tout comme nos pères, peut-être allions-nous devenir soldats de la République.
Aujourd’hui, après que chacun de nous a effectué son parcours dans la vie, la solidarité fraternelle a fait que nous nous réunissons chaque année à Voguë (rassemblement annuel des anciens des Enfants de Troupe de Dalat). Il y a les cheveux gris, les cheveux blancs, les crânes chauves, les rides nombreuses, les lunettes et les surcharges pondérales, rien de ces marques n’empêchent l’identification ? Les souvenirs rejaillissent comme une féerie. Les camarades viennent de toutes les régions de France, de Guyane, du Brésil, de Nouvelle-Calédonie, de Tahiti et d’autres destinations lointaines…
A présent, nous sommes à la retraite. Certains d’entre nous ont posé sac à dos, gamelle, bidon, cuillère et fourchette dans un joli coin de Lot-et-Garonne : terre d’accueil et de chaleur humaine, terre productrice de pruneaux, de bon vin, de succulents foies gras, terre de générosité et de paix. C’est notre paradis. Nous nous retrouvons souvent, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, souvent dans un de ces nombreux restaurants lot-et-garonnais très attachants grâce au secret du savoir-faire et au charme qui s’en dégagent. Hélas, nous nous rassemblons aussi pour accompagner, dans le regret, avec une douloureuse tristesse, les nôtres, nos copains d’enfance, lors de leur ultime voyage vers la paix éternelle.
Voilà l’histoire du devoir de mémoire, rapidement conté par un Enfant de Troupe Eurasien de Dalat.
Berdoula Pierre, chevalier de la Légion d’Honneur.
Pour un autre témoignage de Pierre Berdoula, cliquez sur ce PDF de 3 pages.
« Giap est mort »
GIAP est mort et pourtant je n’y ai lu, sur le site du CAFI et sur les autres sites, aucune ligne rappelant que c’est GIAP qui a vaincu la FRANCE à DIEN BIEN PHU un certain 7 MAI 1954.
GIAP est mort et pourtant personne n’a rappelé que, sans lui, il n’y aurait pas eu de DIEN BIEN PHU, même si les plus talentueux esthètes de l’Histoire nous soutiendraient, ici ou ailleurs, que notre cause était vaine, déjà vaincue par le temps, peut-être par une appréciation ou une conception de l’autre, celle de ce gnac’hué, un peu nauséabonde.
GIAP est mort et pourtant personne n’a crié que sans lui, peut-être, il n’y aurait jamais eu de CAFI, ni de MOULIN DU LOT, ni de PERE VIRY, ni de HARICOTS VERTS, ni de SENCHOU, ni de COPLOT, ni de Mademoiselle GORILLE, ni de FLORIDA, ni de DRAGONS, ni de TAHITI, ni de PETIT PONT, ni de COMMANDO les soirs au clair de lune.
GIAP est mort et alors je lui dis MERCI pour l’HISTOIRE, pour notre histoire.
L’Oncle HO ne m’a rien laissé en héritage car je ne partageais pas son idéologie même si, sur le campus d’Aix-en-Provence, il m’est arrivé de partager les U.S. GO HOME avec ces barbus de mai 68 (depuis lors ventripotents) ; je ne retiens de ce temps-là que ce qu’a été GIAP. Ce même GIAP, même s’il est reconnu que ce n’est pas GIAP qui a vaincu le « tigre en papier » mais quelques hippies (depuis lors embourgeoisés), quelques phrases d’un Bob Dylan, quelques notes d’un Jimmy Hendrix, peut-être tout simplement l’intelligence de l’Humain enfin retrouvée…
GIAP fait partie de notre histoire, accroché à nos cauchemars ou à nos rêves, petite tortue un peu perdue dans les abysses d’un petit lac à HANOI.
La problématique du métissage, c’est de n’être jamais ni tout à fait vaincu ni tout à fait vainqueur. Les deux facettes d’un Austerlitz et d’un Waterloo à la fois. Avec cette subliminale approche cornélienne d’une présente réalité où le « Notre malheur est grand, il est au plus haut point ; je l’envisage entier, mais je n’en frémis point » d’un foudroyant Corneille avec l’insolence d’un « Quelle connerie la guerre ! » d’un Prévert.
Peut-être que mon grand regret a été de n’avoir pas pu le rencontrer, un jour à HANOI, afin qu’il me dise :
– Petit, tu étais une autre partie de nos ancêtres, ceux qui sont aussi ta mémoire…
Et moi de lui répondre, dans le recueillement le plus captif d’une pagode :
– Et vous Papy, n’étiez-vous pas aussi de cette autre culture ?
Aussi, très cher Võ Nguyên GIAP, que les mille dragons de la baie d’Ha Long soient votre éternité, si vous y croyez ou si ces touristes irrespectueux et insolents vous laissent encore le temps d’y croire !
Charly, du bâtiment O n° 6,
qui ne vous oublie pas;
ô vous mes amis du CAFI.
« Hommage à nos parents »
Souvenir, quand tu nous tiens… Nous vous proposons un film de 25 minutes réalisé par notre ami à tous, Maurice Loaïque. Il rend un vibrant hommage à nos parents arrivés en France en 1956. Nostalgie du temps qui passe…
« En 1959, des CRS en renfort suite à des revendications »
A la cité d’accueil de Bias, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 juin 1959, première manifestation des rapatriés d’Indochine contre les mauvaises conditions de vie et le racisme : des inscriptions ont été écrites sur les murs du bâtiment administratif (photo ci-dessous).
Immédiatement, le 15 juin, M. G. Leaune, directeur, renouvelle au préfet, chef du service des Français rapatriés d’Indochine, Palais de Chaillot, Paris 16, sa demande d’installation provisoire d’un poste de police ou de gendarmerie en attendant que les fauteurs de troubles soient retrouvés, expulsés ou mutés loin de ce département.
Voici cette lettre envoyée le 15 juin 1959 :
«Les CRS défilent au camp de Bias»
Les CRS de Bergerac se montrent pour faire peur aux habitants du camp. Fini de rigoler ! Plus d’inscription sur les murs. Allez zou ! les enfants, il n’y a plus rien à voir.
« On vous regrette »
Nous les Eurasiens partis pour Paris, Bordeaux, Toulouse… lorsque nous retournons au CAFI, on entend souvent cette phrase que nous serinent les anciens de Sainte-Livrade et de la région : « Ahhhhh, vous les Indochinois, on vous regrette. Vous vous étiez bien intégrés. Il n’y a jamais eu de problèmes avec vous…… »
Rappelons à ces personnes (et aux jeunes qui n’ont pas connu cette période) qu’à un moment donné (vers les années 68-70), ils ne nous aimaient pas tant que cela. Pour preuve, ces quelques documents. N’oublions pas que les Eurasiens qui ont participé aux bagarres ont été traités de « blousons jaunes » par la presse régionale et locale.
« Déjà en 1958… l’auteur de cette lettre mérite un coup de pompe dans le c… »
Pour celles et ceux qui n’arrivent pas à lire cette lettre, nous la reproduisons avec les fautes d’orthographe.
« Je me permets de solliciter votre bienveillance pour prendre connaissance de ce qui suit et vous en remercie à l’avance.
Le mardi 6 mai 1958 occupé à travailler à l’Epicerie Tabac-Régie de Bias, j’avais garé mon vélo au fond de l’impasse séparant l’épicerie d’un bâtiment fraichement reconstruit ; lorsque vers 21 heures environ après avoir fermé le magasin, il se présente en passant par le jardin derrière la boutique un homme de votre camp pour demander un paquet de cigarettes qui lui a été servis. Celui-çi était-il à peine sorti de l’impasse accompagnés d’un collègue que nous entendons tomber mon vélo.
Je me précipite sans faire plus de remarque à mon vélo et je suis reparti pour mon domicile à Villeneuve.
Lorsque mercredi matin, s’est-à- dire ce matin j’ai voulu repartir pour Bias, je me suis aperçu qu’il ne me restait que le raccord de pompes a mon vélo avec les supports tordus et dévissés.
Arrivé à Bias et avant de raconter ma mésaventure j’ai regardé à l’endroit de la chute du vélo. Rien. La réalité était là ; il m’avait fauché la pompe.
La pompe ne pouvait pas tomber en route car elle était vissée en haut et en bas des supports, suite à une ancienne mésaventure de ce genre.
Depuis une douzaine d’années que cette pompe est au vélo, elle n’est jamais tombée, et dans le cas contraire, je l’aurais entendu tomber dans les pédales.
Tant de bruit et de lignes pour une pompe de vélo me direz-vous peut-être, mais ce n’est pas la valeur d’une pompe de vélo, mais je tenais beaucoup à cet outil car c’était un article très bon.
Je ne puis accepter sans réagir cet acte de malhonnêteté de la part de gens qui nous doivent leur hébergement après avoir fui leur pays d’origine.
Je vous serais reconnaissant de vous mettre en rapport avec le garde-champêtre de Bias, Mr Renoux qui est au courant s’il ne vous a pas encore vu ; ou de téléphoner à la cabine de Bias ou s’est éffectué le vol. A ces adresses vous pourrez trouver le nom et le signalement de ces deux acolytes peu recommandables.
Je vous prierai d’éclaircir cette affaire car si samedi soir 10 Mai la pompe n’est pas remise à l’épicerie Tabac de Bias, je porte plainte à la gendarmerie de Villeneuve s/Lot. Tant pis des suites réservées aux malfaiteurs.
En attendant avec toutes mes excuses pour cet incident fâcheux vous obligeant à des démarches Recevez Mr le Directeur l’assurance de toute ma considération. »
Réponse du directeur du camp :
Suite à votre lettre sous référence, j’ai l’honneur de vous faire connaître :
– que vous ne faites ressortir aucune preuve formelle de vol,
– que les rapatriés hébergés au centre d’accueil sont des hommes « libres » et que, partant de ce principe, le directeur du centre ne se croit pas obligé d’accéder à une « mise en demeure » aussi cavalière et n’a d’ordres à recevoir que de ses chefs,
– que les rapatriés hébergés sont des « Français » comme vous devez sans doute l’être, qu’ils subissent les conséquences d’une « guerre perdue » et qu’ils n’ont pas « fui » leur pays mais ont été rapatriés en France par les soins du gouvernement français,
– qu’au surplus, il vous appartient de porter plainte pour ce vol (si vol il y a), la gendarmerie étant seule compétente pour ce genre d’affaires.
Veuillez agréer, monsieur, mes salutations distinguées.
Vidéo souvenir, les copines et copains du CAFI
Vidéo-diaporama réalisée par Daniel Frèche avec les portraits de centaines de copines et copains. Souvenirs…
Vidéo souvenir, A nos parents, 1956-2006
Vidéo-diaporama réalisée par Jean-Claude Coursier.
« CAFI : que me reste-t-il ? »
Ajout le 12 juillet 2015 de 1 petite vidéo compilée, l’originale (DVD de 1 h 20) sera terminée que vers fin septembre 2015, sur la fête du 15 août 2012 réalisée par Maurice Loaïque intituléé « CAFI : que me reste-t-il ? ».
Ajout le 1er octobre 2015 d’une vidéo de 5 minutes et 30 secondes de Maurice Loaïque, « CAFI Nostalgia. Souvenirs du camp ».
Ajout le 15 octobre 2015 d’une vidéo hommage aux mamans du camp de
5 minutes et 14 secondes de Maurice Loaïque, « Lettre à ma mère ».
Ajout le 18 octobre 2015 d’une vidéo intitulée « CAFI Amis chers », d’une durée de 6 minutes 40, de Maurice Loaïque.
Ajout le 9 novembre 2015 d’une vidéo de J.-C. Coursier de 12 mm 45 intitulée «Memory CAFI»
Salut, j’arrive pas à trouver le doc sur le père de Nem, cé où mec!
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Dans la rubrique Accueil, juste après Les camps de réfugiés, Saigon-Cayenne : les derniers déportés politiques indochinois
Ce document de 7 pages («Une saison en Guyane ») sur les derniers prisonniers politiques annamites en Guyane relate, entre autres, la vie de M. Luong Nhu Truat, papa de la famille Truat qui habite au camp. Nous vous en conseillons la lecture.
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J ‘ai les larmes aux yeux à chaque fois que je vois mes frères et sœurs de la FOEFI & CAFI. Merci pour ces souvenirs, ces chagrins, ces victoires.
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Bonjour, je cherche des informations concernant ma famille : Hoang Thi Nhoi (1918) épouse de Lucien MICHEL, Lucienne (1938) et Robert ses enfants de Caobang.
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