Histoire et historique du C.A.F.I.

Le Centre d’Accueil des Français d’Indochine (C.A.F.I.), auparavant dénommé C.A.R.I. (Centre d’Accueil des rapatriés d’Indochine), renvoie à un épisode singulier de l’Histoire de la France. La défaite de Dien Bien Phu et les accords de Genève, en 1954, mirent un terme à la guerre d’Indochine. Progressivement, jusqu’en septembre 1956, le corps expéditionnaire français et l’administration se retirèrent. C’est à ce moment là que 30 000 rapatriés débarquent ainsi, la plupart par bateau, à Marseille. Certains ont des attaches et se dispersent sur le territoire, tournant ainsi plus aisément une page de leur vie, tandis que les autres, ayant dû généralement fuir précipitamment en laissant tout, sont pris en charge par l’administration française qui les place dans des centres d’accueil provisoires dont les plus importants sont Sainte-Livrade-sur-Lot (47), Bias (47), Noyant-d’Allier (03).

C’est au lieu-dit  » Moulin du Lot « , sur la commune de Sainte-Livrade-sur-Lot que fut installé le C.A.R.I., sur des terrains de l’armée. C’est donc dans 36 baraquements militaires en préfabriqué aux toits de tôle ondulée et sans confort qu’on accueillit cette population rapatriée : 1900 personnes, dont 740 enfants, beaucoup de veuves et de personnes âgées, arrivèrent en plusieurs  » contingents « . Les habitations ne comportaient ni salle d’eau, ni eau chaude, ni latrines. Le chauffage est au charbon. Le règlement, très sévère, de l’arrêté Morlot, s’apparentait à une discipline de fer. Les rapatriés étaient  » tenus  » dans ces lieux clôturés, où toute circulation était soumise à autorisation, où la possession d’un simple réfrigérateur ou d’une télévision était considérée comme un signe extérieur de richesse engendrant l’exclusion définitive de la cité.

© CEP - A vélo au CAFI.

© CEP – A vélo au CAFI.

A l’arrivée, chaque famille recevait en prêt le strict nécessaire inventorié par le responsable du matériel de la cité. Le Centre d’accueil était dirigé par un agent vacataire de l’État, en général fonctionnaire issu des colonies. Le premier directeur fut M. Rudler, avant même l’arrivée des familles, qui œuvra en même temps au centre d’hébergement de Creysse (Dordogne) et prépara la structure pour cet accueil spécifique. On connaît ensuite M. Henri Alquier, ancien officier de police en Indochine, qui resta d’août 1956 à août 1957 et à qui succéda M. Emmanuel de la Bretonnière de Chèque. Ce dernier dirigea le CARI de Sainte-Livrade-sur-Lot jusqu’aux premiers jours de 1959 et partit ensuite administrer le centre des rapatriés de Noyant, dans l’Allier. M. Marcel Tursan resta jusqu’en 1968, assisté à un moment donné par M. Jean Réal. A partir de 1968, M. Maurice Bouchet et son adjoint, M. Guy Durney, dirigèrent les deux centres de Bias, où étaient accueillies les familles rapatriées d’Algérie, et de Sainte-Livrade-sur-Lot. M. Maurice Bouchet fut remplacé en 1974 par M. Robert Boutin qui resta deux ans. M. Guy Durney fut le dernier directeur du C.A.F.I., de 1976 à 1986.

Les enseignants (MM. Buisset, Vergne, Koenig, Dandy, Mmes Gorie, Sabaté, Couderc…), qui prirent en charge l’école créée sur place pour la formation des nombreux enfants du centre avant qu’ils ne rejoignent progressivement les écoles communales (en 1967, il restait seulement trois classes maternelles au C.A.F.I.), furent aussi des acteurs de ce lieu de vie.

Le docteur Daoulas, médecin de la marine, pour son implication auprès des populations à travers ses activités de gestion et d’animation du dispensaire, officiellement installé en 1960, restera aussi un personnage important qui eut pour collaborateurs des infirmier(e)s et assistantes sociales.

La Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Sainte-Livrade-sur-Lot s’intégra physiquement au centre et participa, tout comme la CIMADE (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués), présente pendant quelques années, à l’intégration des jeunes.

© CEP

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Soyons clairs : à Sainte-Livrade, étaient hébergés les « incasables ou non reclassables « , c’est-à-dire les hommes handicapés ou malades, les personnes âgées, les veuves chefs de famille nombreuse et ne parlant pas ou peu le français. Tous ceux-là représentaient la majorité, mais non la totalité, des ayants droit. Avec peu d’hommes jeunes ou en âge de travailler, les diverses mesures d’action sociale se sont souvent avérées vitales pour la communauté indochinoise. Malgré tout, certains furent engagés pour des travaux agricoles saisonniers (notamment des femmes et des enfants) ou pour l’atelier de fabrication de chaussures installé dans le camp de 1966 à 1976 ; d’autres partirent s’installer dans de plus grandes villes. Peu à peu, le camp s’est vidé, les deuxième et troisième générations revenant seulement en été.

Au début des années 80, l’État signa une convention avec la commune de Sainte-Livrade-sur-Lot pour lui céder le bâti, le foncier et la gestion avec une promesse de subvention pour le fonctionnement. En 1983, la commune décida de municipaliser le C.A.F.I. et de l’intégrer au reste de la ville. En 1999, la municipalité s’engagea, avec l’aide de l’État, dans un programme dit de  » travaux d’urgence « , avant de lancer, en 2002-2004, une enquête relative à la réhabilitation des lieux. Quelques personnes âgées demeurent encore là, attachées à leurs racines retrouvées, luttant contre la démolition du centre, en vue d’une réhabilitation totale souhaitée par la municipalité. Avec elles, les associations (Mémoire d’Indochine, ARAC [Association des résidents et amis du C.A.F.I.], C.E.P.-C.A.F.I. [Coordination des Eurasiens de Paris-C.A.F.I.], ADRI [Association de défense des rapatriés d’Indochine]) s’opposent à la destruction des baraques pour y reconstruire des logements sociaux…

On attribua toujours au C.A.F.I. un caractère provisoire,
cependant 55 ans après, il existe toujours. En effet, comment parler
de provisoire lorsqu’on installe dans la structure des personnes
incasables ou non reclassables qui n’arriveront pas à s’en sortir ?

C'est notre passé qui traverse l'écran

C’est notre passé qui traverse l’écran

Malgré les manifestations des habitants du camp qui ont montré leur hostilité à ce programme de réhabilitation, les opérations de démolition ont commencé à partir de 2010. Au fur et à mesure que les bâtiments insalubres disparaissaient, s’effaçaient en même temps toutes les traces et les repères qui constituaient toute l’histoire des rapatriés d’Indochine de Sainte-Livrade depuis plus de 55 ans. Le relogement des habitants dans de nouvelles constructions aux normes de confort et de sécurité, les nouvelles résidences ne suffisent pas à préserver le caractère historique de ce site. Il s’agit surtout de sauvegarder les traditions, les coutumes de ces personnes âgées, de préserver un certain état d’esprit, une façon de vivre. Il faut que le C.A.F.I. continue de représenter pour tous le dernier symbole vivant de la présence française en Indochine. En 2014, au terme de la rénovation du C.A.F.I. et avec la démolition des bâtiments, c’est aussi un peu l’âme du C.A.F.I. qui s’en va.

Le combat des habitants et des associations pour un projet de lieu de mémoire a abouti, pour le moment, à la préservation d’un espace mémoriel dans lequel 4 bâtiments ainsi que les anciens lieux de culte (pagode et église) constituent les derniers témoins de l’ancien C.A.F.I. Ce combat continue pour qu’un véritable lieu de mémoire puisse voir le jour au C.A.F.I.

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Vous pouvez voir les propositions de la C.E.P.-C.A.F.I. sur le lieu de mémoire et en débattre en cliquant sur ce lien.

Diaporama CAFI de 1956 à nos jours.
Rétrospective en diaporama de l’histoire des rapatriés d’Indochine qui sont arrivés à Sainte-Livrade-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, en 1956.

Hommage aux mères «courage» du camp de Sainte-Livrade
Ce blog leur est dédié. Après la guerre d’Indochine, elles ont été doublement trahies : par l’Etat et par leurs « maris ».

Trahies par un Etat pusillanime, qui a abusé de leur faiblesse, qui les a complètement ignorées et abandonnées avec leurs enfants. Ces femmes qui n’avaient aucune raison de remettre en question le fait que la France allait leur offrir une vie plus tranquille. Comment peut-on imaginer, aujourd’hui, que l’on puisse expatrier des femmes et leurs enfants, les couper de leur culture tout en revendiquant de les sauver, puis les laisser là… parqués pendant 50 ans, sans ressources.

Trahies, pour celles qui n’étaient pas mariées, par ces hommes auxquelles elles croyaient et qu’elles aimaient, à qui elles ont donné des enfants, qui leur ont promis un avenir meilleur en métropole et qui les ont oubliées, elles et leurs propres enfants, dès qu’elles ont posé un pied sur le sol métropolitain.

Quelques mamans choisies au hasard…

Quelques mamans choisies au hasard…

Hiver 1956, après une nuit passée dans le train reliant Marseille à Agen, puis amenés en autocars jusqu’à Sainte-Livrade-sur-Lot, 1 900 Français d’Indochine (1 160 adultes, 740 enfants) arrivent à la Cité d’accueil des rapatriés d’Indochine. Ces rapatriés, pour la plupart, ont dû auparavant quitter le Nord pour le Sud du Viêt-nam, ils ont ensuite attendu à Saigon, dans des camps, avant de prendre le bateau pour Marseille et d’être hébergés dans plusieurs centres de transit en France (Le Luc, Le Cannet-des-Maures, dans le Var, par exemple) avant d’arriver sur cette terre verdoyante lot-et-garonnaise. Les autocars déversent leur flot de passagers. Parmi cette foule, beaucoup de femmes, veuves de soldats français ou oubliées par leurs « maris ». Ces derniers sont repartis vivre avec leurs femmes et gosses restés en métropole, les abandonnant avec leurs ribambelles d’enfants dans un pays qu’elles ne connaissaient pas du tout, certaines d’entre elles ne parlant même pas le français. Peu d’hommes parmi les arrivants. Les enfants sont incroyablement métissés (filles et fils de soldats français, tirailleurs marocains, sénégalais, légionnaires roumains, polonais, émigrés russes, allemands…). Presque tous portent des noms français ou hérités de l’empire colonial. Ils sont là car les enfants de l’ennemi n’étaient plus les bienvenus, ils étaient les grands perdants de cette guerre.

Toutes ces femmes avaient « épousé » des Français. « Epousé », en langage colonial, signifie que le militaire a vécu un temps avec sa femme indochinoise – le temps de son engagement militaire en Indochine – avant de retourner au pays retrouver femme et enfants. Sans se soucier un instant du sort de ces rapatriées et de leurs enfants

« Mon père, officier dans l’armée française, est venu à Sainte-Livrade, en 1956, pour un entretien avec le directeur du camp. Il voulait savoir si ma mère, mon frère et moi (ses deux enfants, qu’il n’a même pas reconnus) étaient parmi la liste des rapatriés fraîchement débarqués. Son souhait : récupérer seulement le garçon, pour en faire plus tard un officier de l’armée. Choqué par ce comportement et la lâcheté du personnage d’en face, le directeur lui mentit en disant qu’il n’y avait aucune personne avec ce nom-là sur la liste des rapatriés admis dans la cité. Le lendemain, il avisa ma mère du passage de notre père biologique et lui transmit quand même le message. Il est évident qu’elle n’a pas donné suite à cette demande. Un père qui choisit son enfant, un mâle, comme un chiot dans une portée, ne mérite pas qu’on lui confie son gosse, me dira plus tard ma mère », nous avoue une dame. « Je ne me souviens pas de mon père, il nous a abandonnées quand ma mère était enceinte de ma sœur. Il est parti en vacances en France et il n’est jamais revenu. Ma mère a eu le cœur brisé. Elle est morte de chagrin », se souvient une autre dame du camp. De nombreuses autres femmes se sont retrouvées dans ce cas, abandonnées par leur compagnon français, ou veuves, sans argent, parlant à peine le français. Depuis, elles ont été cantonnées là.

Malgré toutes ces trahisons, ces femmes (nos mères), au-delà de la barrière de la langue et de la lâcheté de l’Etat français, ont lutté de toutes leurs forces pour élever dignement leurs enfants seules.

«Nous avons été chassés de chez nous. Il a fallu partir, en 1954 déjà, du Nord vers le Sud. Et puis en 1956, s’en aller définitivement. Quand nous sommes arrivés, tout ce qui comptait pour nous, c’était déjà d’avoir de quoi être à l’abri du vent et de la pluie. Parce que ça, c’était déjà beaucoup. » Celles à qui leurs maris avaient dit que les femmes ne devaient pas travailler ont dû se retrousser les manches, partir dans les champs à la cueillette d’un salaire de misère, entrer à l’usine… Elles ont tenu car « que feront les enfants si je ne suis plus là ? ». Alors elles ont tenu bon. Leurs enfants ont bien « réussi». Ils sont leur fierté, leur consolation, le sens de leur histoire difficile.

Elles ont ainsi toutes décidé de rester dans ce camp. « J’ai enfin trouvé mon chez moi ici », murmure une de ces mamies. Sur le sol de Sainte-Livrade, dans ce camp, il y a eu trop de larmes, trop d’efforts et trop d’espoirs pour partir.

Plus de cinquante ans après, ces femmes ne sont toujours pas sorties du brouillard

Plus de cinquante ans après, ces femmes ne sont toujours pas sorties du brouillard

En 2010, il reste moins d’une centaine de « rapatriés d’Indochine » dans le camp, tous âgés et usés par la vie. Ceux qui sont restés étaient les plus fragiles, les plus démunis. Les mamies n’ont jamais rien demandé. Sans doute étaient-elles trop fières pour se plaindre. Placées sous la tutelle de huit ministères successifs, on les a tout simplement ignorées. Comme les petites poussières d’un empire colonial disparu…

« L’Etat ne gère que l’urgence, ne réagit que lorsqu’il y a le feu », avoue un haut fonctionnaire qui a essayé de s’occuper du dossier il y a quelques années. « Si les Harkis ont obtenu quelques compensations, même si elles sont bien maigres, c’est parce que la deuxième génération s’est révoltée. Les Vietnamiens n’ont jamais élevé la voix, ils n’ont rien eu. »

A nous, filles, petites-filles, fils et petits-fils de ces mamies, de méditer sur cette dernière phrase. Pour que l’Etat français réhabilite un jour la mémoire de ces femmes oubliées et trahies. Pour qu’une place importante leur soit réservée dans le futur lieu de mémoire. Pour qu’enfin, leurs cris, longtemps contenus, soient enfin entendus…

Rapatriement en France des enfants eurasiens de l’ex-Indochine par la FOEFI

Vouvray
Après la fin de la guerre d’Indochine, la Fédération des Œuvres de l’Enfance Française d’Indochine (FOEFI) envoya en France des centaines d’enfants eurasiens. Des bébés, des enfants, des adolescents sont devenus des objets de politiques voulues par les autorités françaises et mises en œuvre par des organisations diverses. Des mères ont été séparées de leurs enfants ; des pères – qui dans l’immense majorité des cas n’avaient pas reconnu ces enfants – sont restés ignorants de leur sort et de celui de leurs mères. L’article que vous allez lire (fichier PDF de 12 pages) vise à évoquer les pratiques mises en œuvre pour acculturer les enfants, les débats qu’elles ont suscités dans les années 60…

Vouvray classeChronologie en Indochine
Chronologie de la présence française en Indochine (1859 à 1956)
18 février 1859, la France occupe Saigon.
Août 1863, le Cambodge devient un protectorat français.
9 juin 1885, le Viêtnam devient français.
1887, création de l’Union indochinoise qui regroupe la Cochinchine, le Cambodge, l’Annam et le Laos, aux statuts différents.
1914-1918, les troupes coloniales participent à la Première Guerre mondiale (lire l’excellent article d’Antoine Flandrin, journaliste au monde.fr, daté du 1er mars 2014).
1927, fondation du Parti populaire vietnamien.
9 février 1930, insurrection nationaliste de Yen Bay.
30 août 1940, accord entre le gouvernement de Vichy et le gouvernement japonais, auquel sont accordées des « facilités militaires » sur le territoire indochinois.
18 mai 1941, fondation du Viêt-minh.
9 mars 1945, les Japonais prennent le contrôle administratif et militaire du territoire. Ils placent au pouvoir Bao Dai, ex-empereur d’Annam.
25 août 1945, Bao Dai abdique.
2 septembre 1945, capitulation du Japon. Le Viêt-minh d’Hô Chi Minh proclame l’indépendance de la République démocratique du Vietnam.
23 septembre 1945, prise de Saigon par l’armée française.
6 mars 1946, accord Sainteny-Hô Chi Minh reconnaissant le Vietnam comme un Etat libre au sein de l’Union française.
Juin 1946, l’amiral Thierry d’Argenlieu, gouverneur général d’Indochine, a doublé la conférence de Fontainebleau de mars 1946 par une autre à Dalat et il a, non pas confirmé le protectorat sur la Cochinchine mais créé de toutes pièces un nouvel Etat opposable à la République Démocratique du Vietnam, c’est l’Etat de Cochinchine, transformée en République du Sud-Vietnam plus tard par Diem.
19 novembre 1946, échange de tirs entre une jonque chinoise appartenant à des nationalistes vietnamiens et la douane française dans le port de Haiphong.
23 novembre 1946, l’armée française bombarde Haiphong.
19 décembre 1946, le Viêt-minh passe à l’offensive à Hanoi, début de la guerre d’Indochine.
1949, victoire de Mao en Chine.
Été 1950, guerre de Corée.
7 mai 1954, chute de Diên Biên Phu.


21 juillet 1954, accord de cessez-le-feu et non armistice signé à Genève. C’est une nuance importante pour au moins deux raisons : d’une part, il s’agit de mater une rebellion et non pas de mener une guerre contre un autre Etat, même si la République Démocratique du Vietnam, proclamée par Ho le 2 septembre 1945, a été reconnue par certains Etats, puis de soutenir l’Etat du Sud contre le Vietminh, et, d’autre part, à Genève, les principaux protagonistes étaient l’ancienne puissance tutélaire, le Vietminh et le gouvernement de Bao Dai-Ngo Dinh Diem, c’est pourquoi il n’y a encore aucun texte pour définir l’Indochine comme théâtre de la guerre entre la France et le Vietnam, contrairement à la guerre d’Algérie qui, elle, a été reconnue comme telle en 1999.

Les billets de Banque et les pièces en Indochine
Nous vous présentons les billets de banque et les pièces utilisés pendant la période de l’Indochine française. La monnaie s’appelait « la piastre ».

La romanisation de l’écriture : le père Alexandre de Rhodes
En 1310, Odoric de Pordenone débarqua sur la côte d’Annam devant laquelle Marco Polo n’avait fait que passer vers 1285. Mais ce n’est que trois siècles plus tard que les contacts s’intensifièrent à partir du moment où les Portugais eurent le droit de s’implanter à Canton en 1517 et surtout à Macao en 1558. Les Espagnols et les Hollandais suivirent peu après. A cette époque, à côté des marchands et des fondeurs de canon, quelques missionnaires sont recherchés pour leurs connaissances médicales ou scientifiques.
C’est ainsi que, dès 1533, avant l’arrivée du père de Rhodes, on retrouve la trace de missionnaires catholiques en Indochine. Des franciscains, des dominicains, des augustins portugais, italiens ou espagnols se sont succédé, mais leurs prédications se sont heurtées à une ferme opposition des souverains, grands prêtres, mandarins, lettrés, eunuques du palais défenseurs intéressés de la polygamie.

Le père Alexandre de Rhodes

Le père Alexandre de Rhodes

Le père de Rhodes, lui, va rencontrer de grands succès qui peuvent s’expliquer par ses qualités de cœur et d’esprit auxquelles il joint une connaissance approfondie de la psychologie des individus et des foules. C’est un entraîneur d’hommes et un organisateur hors pair, enfin, il est le premier à avoir compris l’intérêt majeur qu’il y a pour un missionnaire à pouvoir s’adresser directement à ses ouailles sans recourir à un interprète. Il reconnaît avoir été effrayé par les difficultés de cette langue mais il se jeta à l’eau et se familiarisa si vite qu’il fût en mesure de confesser (de comprendre) quatre mois après son débarquement et six mois après de prêcher (de parler), s’assurant de ce fait une large audience auprès des divers auditoires en état de réceptivité. La transcription par l’alphabet latin des langues s’écrivant en caractères chinois ou sinoïdes a été probablement tentée pour la première fois en 1548 par Yajiro, Japonais converti et baptisé par saint François-Xavier. Assez vite, les missionnaires européens évangélisèrent les Nippons de Faifo dans leur langue, avec des livres en romanisation sortis des presses jésuites japonaises. De là à tenter la romanisation du vietnamien, il n’y avait qu’un pas. Ainsi, sur le type du rômaji, et après avoir maîtrisé le cochinchinois, de Rhodes contribua à forger une méthode. Avec plusieurs de ses frères, il créa un système d’écriture exprimant, non plus des idées, par le moyen d’une multitude de signes, mais seulement de quelques sons avec lesquels sont formés tous les mots du vocabulaire. De ces efforts conjugués sortit une transcription nouvelle de la langue annamite, purement phonétique, fondée sur les 24 lettres de l’alphabet latin, agrémentés de quelques signes conventionnels particuliers. Le Vietnam se trouva dès lors pourvu d’une écriture bien à lui, d’un langage national, le quốc ngữ.
De Rhodes, personnage hors du commun, rapprocheur d’hommes, a donné au Vietnam un instrument d’affranchissement intellectuel et de diffusion culturelle inégalé en Extrême-Orient. Le pouvoir mandarin fut menacé par cette nouvelle langue se rapprochant des normes européennes tout en se détachant de ces racines chinoises millénaires. Dès le XVIIe siècle, le vietnamien devint lisible par les Occidentaux, l’Eglise et l’administration coloniale s’en servirent. Au XIXe siècle, il fut progressivement adopté par la population qui l’a modifié en le complétant avec des accents adaptés à la prononciation vietnamienne. Mais le prestige séculaire du caractère chinois fut cependant long à disparaître. C’est seulement à partir de 1919 que le quốc ngữ devint l’écriture nationale du Vietnam.

Machine à écrire Olympia Splendid 33, disposition AĐERTY, utilisée au Vietnam dans les années 1960. © Creative Commons

Machine à écrire Olympia Splendid 33, disposition AĐERTY, utilisée au Vietnam dans les années 1960. © Creative Commons

De nos jours, il est usité dans la quasi-totalité du territoire. Bien sûr, ce n’est pas de Rhodes seul qui a inventé cette méthode, c’est une œuvre collective à laquelle participèrent d’autres religieux, mais il a joué un rôle essentiel dans sa création car, grâce à ses publications, et notamment en 1651 son Dictionnaire annamite portugais et latin, il a systématisé, perfectionné, vulgarisé ce nouveau mode d’écriture. Même si, au départ, l’intention était tout autre, à savoir mettre au point un outil au service de la diffusion de la religion, Alexandre de Rhodes a finalement permis a une grande partie de la population d’accéder plus rapidement à la connaissance.

DES TONS, DES ACCENTS
La langue qui est aujourd’hui en usage dans tout le Vietnam se prononce avec des accents qui comprennent six tons, ressemblant à nos six notes de musique, do, ré, mi, fa, sol, la. Ces accents sont comme l’âme, le caractère et l’intelligence des mots. Ils ne sont pas écrits mais seulement exprimés en prononciation, ce qui rend très difficile la compréhension des écrits.

QUELQUES ELEMENTS DU QUOC NGU

L’alphabet du quốc ngữ comprend 29 caractères, pour la plupart des caractères latins : A Ă Â B C D Đ E Ê G H I K L M N O Ô Ơ P Q R S T U Ư V X Y.
Les voyelles A Ă Â E Ê I O Ô U Ư peuvent être surmontées d’un signe diacritique indiquant le ton sur lequel elles doivent être prononcées.
A ces signes pour les tons, il faut ajouter l’accent circonflexe, la barre sur le d ( đ ), la brève et enfin la barbe ou corne, par exemple sur le u de ngữ. Tous ces signes peuvent se combiner à ceux qui notent les tons mais leur fonction propre est seulement de modifier la prononciation de la lettre.
Une des grandes difficultés du vietnamien, c’est que toutes ces différences de tons et d’accents se retrouvent quelquefois en un seul mot avec autant de différences de signification.
En voici deux exemples :
la (sans accent) : la note la, verbe crier ;
(accent grave) : verbe être ou verbe repasser (le linge) en tonkinois
(accent aigu) : feuille ;
lả (crochet) : fatigué ;
(tilde) : eau non bouillie ;
lạ (point) : inconnu, bizarre ;
bao : envelopper ;
bào : raboter ;
báo : journal ;
bạo : osé ;
bão : typhon ;
bảo : conseiller.
À la suite de la colonisation française, le vietnamien a plusieurs mots qui dérivent du français. En voici quelques exemples.

Affiche : áp phích, acide : axit, aiglefin : cá êfin, anis : cây anit, antenne : an-ten,
antenne parabolique : anten parabôn, artichaut : cây atisô, aspirine : atpirin,
autobus : xe buýt, auto : xe ô tô, balcon : ban công, ballet : ba lê, beurre : bơ,
bière : bia, billes (jeu) : bi, biscuit : bánh bich quy, biftek : bít tết, bombe : bom,
bougie (de moteur) : buji, bouillabaisse : món buiabet, boulon : bu lông, café : cà phê, cantine : căng tin, caoutchouc : cao su, chemise : áo sơ mi, carotte : cà rốt,
chocolat : sô cô la, ciment : xi măng, cinéma : xi nê, cognac : rượu cô nhắc,
corset : coocxê, coup : , capote : capốt ou bao cao su, cravate : cái ca vát,
crème glacée : kem, dollar : đồng đô la, divan : ghế đi văng, drap : dạ,
épinard : rau bi na, essence : xăng, fermeture éclair : phéc-mơ-tuya, film : phim, fromage : phó mát, gâteau : bánh ga-tô, gant : găng, gare : nhà ga, gilet : áo gi lê,
gin : rượu gin, gomme à effacer : gôm, guidon : ghi đông, guitare : đàn ghita,
jambon : giam bông, jeans : quần jean, laine : len, manteau : măng tô,
moutarde : mù tạt, œuf au plat : op la, pâté : pa tê, piston : pittông,
pourboire : tiền buột-boa, poupée : búp bê, salade : rau xà lách, sandwich : xăngđuýt, saucisse : xúc xích, savon : xà phòng, sirop : xi rô, soupe : xúp,
soutien-gorge : cái xu chiêng, timbre : tem, veston : áo vét tông, valise : cái va li,
vodka : rượu votca, whisky : rượu uytky, zéro : cê-rô.

Arrivée en 1956 au port de Marseille

Le voyage, tout d’abord, dure 25 jours sur des paquebots de fortune loués aux Italiens, aux Grecs, aux Néo-Zélandais, aux Norvégiens, aux Irlandais…, des tas de ferraille où on pouvait vomir tout son saoul en attendant la terre ferme. Les Rapatriés Français d’Indochine étaient logés dans les cales du bateau, serrés comme des sardines. C’était insupportable, surtout à cause de la chaleur étouffante qui régnait durant tout le mois de juillet 1956.
Présentation des différents bateaux et la liste des familles faisant partie des passagers :
Le Paolo Toscanelli (compagnie Italia Line, Italie)

Toscanelli

Familles Parquier, Mutos, Gaye, Nguyen VS, Legrand, Luce, Frèche, Fernand, Nguyen Auguste, Lucot Raymond, Lafaurie, Miralabé, Rubillais, Vandjour, Sang, Crasbercu, Prosperi, Sinnouretty.
Ces photos de l’arrivée à Marseille et le transit dans le camp du Luc (Var) ont été fournies par la famille Vandjour. Tous nos remerciements.

Le Cyrenia (Hellenic Mediterranean Line, Grèce)

Cyrenia

Familles Hermitte, Charlery, Maniquant Pierre, Kuter, Mangel, Boccheciampe, Gaze, Weiss, Modeste, Lobato de Faria, Isnard, Revue, Machecour, Casabianca, Rubillais, Belmimoun, Luong Nhu Truat, Samel, Coursier, Lecat, Hellmuth, Truong Minh Tao, Nguyen Van Tu, Lapierre.

LArosa Kulm (Compagnie Internacional Transportadora, Suisse)

Arosa Kulm

Familles Fanton-Dandon, Evin, Vieira Ribeiro, Cassim, Clive, Gervais, Robert, Hannoteaux, Sylvain, Martin, Lecrenn, Gourdon, Hachette, Villaréal, Savage, Alquiet, Taborsky, Fanzy, Deconzanet, Kasparian, Revue, Alfred.

Le Skaubryn (M. Skaugen, Oslo, Norvège)

Skaubryn

Familles Gontran, Truong, Schaeffer, Martin, Volpi-Mazières.

Le Tasmania (Hellenic Mediterranean Line, Grèce)

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Familles Lamy, Bé, Gillard, Gras, Arpage, Mattéi, Gontran, Vareilles.

Le Captain Cook (Nouvelle-Zélande)

Captain Cook

Familles Brette, Dubois, Cazes, Henry.

Le Flaminia (Cogedar Line, Italie)

Flaminia

Familles Sobre, Maurice, Robert, Latargère, Moutouh, Youssouf, Giron Michel, Mellier.

Le Fairsea (SITMAR, Italie)

Fairsea

Famille Connétable, Coursier.

Le Pasteur-Bremen, paquebot puis transport de troupes (Compagnie Sud-Atlantique, France)

Pasteur Bremen

Famille Seusse.

Le Laos (Compagnie des Messageries Maritimes, France)

Laos

Famille Vapou.

Le Viêt-Nam (Compagnie des Messageries Maritimes, France)

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Familles Obenans et Forget, arrivée en août 1963 au port de Marseille.

Le Henri Poincaré (France)

Henri Poincaré

Rapatriement de l’Ecole des Enfants de Troupe de Dalat (promotion 1956).
Lobato de Faria, Luong Nhu Truat, Lamy, Rey, Revue, Cassim, Crouzier, Gervais, Gillard, Rogliano…
L’Ecole des Enfants de Troupe de Dalat
L’École des Enfants de Troupe Eurasiens de Dalat (EETED) fut créée à Dalat (Annam) en 1939, avec pour devise « S’instruire pour servir ». Suite à l’élargissement du recrutement, le mot eurasien fut supprimé, l’acronyme devenant EETD.

Portail de l'Ecole des Enfants de Troupe Eurasiens de Dalat

Portail de l’Ecole des Enfants de Troupe Eurasiens de Dalat

En 1954, l’école fut transférée au Cap Saint-Jacques (Cochinchine), puis rapatriée en France en février 1956. Elle prit ses quartiers d’abord à Fréjus (Var) puis s’installa à Autun (Saône-et-Loire) la même année, à l’annexe Changarnier. Ses élèves furent dispersés les années suivantes dans diverses écoles militaires de la métropole.

Nombre de nos grands frères ont passé leur jeunesse dans cette école. Pour leur rendre hommage, voici un PDF de 14 pages qui raconte leur histoire, comment ils ont vécu leur adolescence dans une école militaire, leur vie en commun.

Aujourd’hui, plus d’un demi-siècle après leur arrivée en France, les Anciens élèves se sont regroupés au sein d’une Amicale qui a pour but de favoriser les retrouvailles (notamment à Vogüé (Ardèche) depuis une vingtaine d’années), et continuer à garder vivante leur histoire.

Les trois vidéos suivantes sont l’œuvre de ces anciens élèves. Elles racontent leur vie au sein de l’Ecole des Enfants de Troupe de Dalat, la fraternité qui les unissait et enfin le triste départ vers la France, certains ayant dû dire adieu à leurs mères et à leurs familles.


Le Cannet-des-Maures, camp de transit

Qui se rappelle de la cascade du Cannet-des-Maures dans le Var, en août 1956 ?
Voici la photo unique de cette magnifique source où l’on trouvait des milliers de tortues.

De gauche à droite : Raphaël Frèche, Viviane Frèche, Alphonse Chapuis, François Chapuis et Roger Chapuis. Debout : Hélène Frèche

De gauche à droite : Raphaël Frèche, Viviane Frèche, Alphonse Chapuis, François Chapuis et Roger Chapuis. Debout : Hélène Frèche

1956, c’est ça ce que la France leur offre?
1 900 Français d’Indochine (1 200 adultes, 700 enfants) arrivent à Sainte-Livrade. Les enfants sont incroyablement métissés (filles et fils de soldats français, tirailleurs marocains, sénégalais, légionnaires roumains, polonais, émigrés russes, allemands…).

La boue dès leur arrivée. Les autocars déversent leur cargaison humaine sans ménagement. Une seule valise autorisée par famille. Le temps gris, la boue entre les baraquements. Les arrivants sont muets de stupeur : c’était ça ce que la France leur offrait. Des baraquements militaires sinistres. Pas de sanitaires dans les bâtiments, des toits en carton, aucune intimité possible. Pour ces « nha-quê », ce sera plus de 50 années de grisailles et d’humiliation.

Première fête du Têt
La communauté indochinoise de Sainte-Livrade-sur-Lot fête son premier Têt dans le Lot-et-Garonne. Premières photos d’un Nouvel An hors du sol d’Indochine.

Les futiles motifs d’expulsion en 1958

Pour M. Moreau, chef du bureau des Rapatriés d’Indochine (ministère des Affaires étrangères), dans une circulaire confidentielle datée du 20 mai 1958, « les hébergés des centres d’accueil peuvent être mis à la porte, au besoin par la force, s’ils se conduisent mal, sont une cause de désordre ou refusent de faire l’effort nécessaire pour subsister par leurs propres besoins. Au cas où la gendarmerie refuserait de prêter son concours pour une expulsion et où le préfet hésiterait à prendre une responsabilité à cet égard, il serait préférable d’envisager l’intervention d’un arrêté ministériel prévoyant les mesures d’éviction à l’encontre des hébergés qui ne seraient plus en conformité avec les règles dudit arrêté ».
Cliquez ici pour voir le PDF de 3 pages de cette circulaire.

En réponse à cette circulaire, voilà comment le sieur E. Bretonnière de Checque, premier directeur (dans l’ordre chronologique) du camp, a réagi. Pour ce monsieur, si un rapatrié a un enfant qui habite près de chez lui et possède une maison, il doit quitter le camp et venir habiter chez son enfant (lettre ci-dessous du 23 juin 1956) car il se conduit mal. Dès qu’un rapatrié possède une télévision ou une voiture (lettre ci-dessous du 3 septembre 1963), il sème le désordre et doit être expulsé… Aberrant et affligeant !


En 1959, l’arrêté Morlot stipulait que l’acquisition d’un poste de radio devait être interprété comme un signe extérieur de richesse passible d’expulsion. Il fallait donc soit s’enrichir d’un coup pour espérer quitter le camp, soit durer dans la survie.

La pagode du culte aux Génies (Lên dông)

A Sainte-Livrade, chacun a reconstitué son « coin d’Asie », une parcelle du passé perdu. Ainsi, non loin de la chapelle catholique, une pagode a été aménagée par les bouddhistes du C.A.F.I. Adeptes d’un bouddhisme hétérodoxe, des femmes y perpétuent le culte aux Génies du Nord-Viêtnam, un culte vietnamien de possession (Lên dông). Un rite unique en Europe. La fréquentation de la pagode était à son apogée de 1956 aux années 1975-1980. Elle a ensuite décliné suite à la disparition et au vieillissement des Ba Dong. La pagode est actuellement inutilisée et est dans un état de délabrement. Sa rénovation sera terminée au printemps 2014 et la pagode fera partie intégrante du lieu de mémoire du camp.

A l’intérieur de la pagode se trouvent le temple des Génies des Quatre-Palais, son Panthéon et ses représentations. Une Ba Dong (servante des Génies) offre une cérémonie où s’incarnent les différents Génies. Un plateau d’offrandes aux âmes errantes est préparé, les vêtements des Génies que revêtira la Ba Dong sont repassés.

Les fidèles en prière. Au premier rang, de gauche à droite : Mmes Kasparian, Tam, Gaye, Guermier, Chalumeau, Ty ; deuxième rang, de gauche à droite : maman de Mme Crasbercu, ????, Chau, Lecrenn, Sassi, Lay, Le Van Ra, mémé Rubillais ; troisième rang, de gauche à droite :  Mmes Parquier, ????, mémé Henri, Guyon de Chemilly, Pataki ;  quatrième rang, de gauche à droite : Mmes Gervais, Guène, Diop, Martin, Savary, ???? ; au fond : MM Lamy (assis), Lecoury, Mme Gaspard, mémé Lejeune.

Les fidèles en prière. Au premier rang, de gauche à droite : Mmes Kasparian, Tam, Gaye, Guermier, Chalumeau, Ty ; deuxième rang, de gauche à droite : maman de Mme Crasbercu, ????, Chau, Lecrenn, Sassi, Lay, Le Van Ra, mémé Rubillais ; troisième rang, de gauche à droite : Mmes Parquier, ????, mémé Henri, Guyon de Chemilly, Pataki ; quatrième rang, de gauche à droite : Mmes Gervais, Guène, Diop, Martin, Savary, ???? ; au fond : MM Lamy (assis), Lecoury, Mme Gaspard, mémé Lejeune.

En prière et se cachant le visage sous le voile rouge de la prise de possession, la Ba Dong est tour à tour possédée par plusieurs Génies. Au second plan, on reconnaît Mmes Martin, Revue, Isnard. © Gluntz

En prière et se cachant le visage sous le voile rouge de la prise de possession, la Ba Dong est tour à tour possédée par plusieurs Génies. Au second plan, on reconnaît Mmes Martin, Revue, Isnard. © Gluntz

La pratique consiste à organiser des cérémonies pendant lesquelles les Génies seront sollicités pour qu’ils s’incarnent. La pratiquante est alors possédée par l’esprit qu’elle invoque. Pendant toute la cérémonie, le public, composé d’autres invités, pratiquants et adeptes, participe à plusieurs niveaux. Il contemple la venue des divinités, les vénère, leur fait des offrandes, dialogue avec elles pour solliciter la sérénité dans la vie (situation familiale, santé, prospérité…) et, éventuellement, une divination à propos d’une question plus concrète. Les Génies descendent un par un, en la personne qui sert, sollicités par les musiciens et les acolytes. Chacun des Génies siège, donne des conseils, officie, exprime en quelques minutes les traits les plus marqués de son caractère, de sa vie ou de son histoire… puis s’en va pour permettre à un autre génie d’apparaître…
La Ba Dong habillée par les pratiquantes. Les musiciens sont à l'arrière-plan. © Gluntz

La Ba Dong habillée par les pratiquantes. Les musiciens sont à l’arrière-plan. © Gluntz

Les musiciens chantent des louanges aux divinités, les invitent à venir, décrivent leur vie avec leurs pouvoirs et leur générosité, chantent également l’obéissance du public pratiquant. Ils chantent surtout au nom de la personne qui sert, qui a organisé la cérémonie à la gloire des Génies. Chaque divinité a sa propre musique et son texte particulier, aucune erreur ne doit être commise, aucune parole ne doit être mal placée, pour le bien-être des divinités, du public, du temple et de la personne qui sert.
Le reportage papier, Un coin d’Asie sur une terre française (4 pages), que vous allez lire, date de 1963. Il a été réalisé grâce aux travaux de Pierre-Jean Simon et Ida Simon-Barouh, chercheurs au CNRS, qui ont séjourné pendant plusieurs mois au C.A.F.I. cette année-là. Ils ont aussi tourné un documentaire de 52 minutes sur le culte des Génies. Vous pouvez regarder un extrait de 15 mn de ce film à la rubrique «La presse et le C.A.F.I.».
Cliquez sur le lien ci-dessous pour voir le PDF de 4 pages de l’article : https://cafi47.files.wordpress.com/2013/10/pagode1.pdf

L’évolution du camp, de 1956 à 1986

Un exposé de 4 pages écrit par la direction du camp qui raconte l’histoire du Centre d’accueil des Français d’Indochine, de l’arrivée des rapatriés en 1956 jusqu’en 1986, date de ce document (cliquez sur les photos pour les agrandir).

« Qui habitait dans ce bâtiment ? »
Tout d’abord, pour vous repérer aisément, une vue aérienne du camp avec tous les bâtiments numérotés, l’église, la pagode, les épiceries et les bâtiments détruits (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Vue aérienne
Nous allons maintenant vous présenter, bâtiment par bâtiment (de A à Z), le nom de chaque famille qui y habitait. Beaucoup de rapatriés ont déménagé, non seulement en dehors du camp mais aussi à l’intérieur même du centre d’accueil. Cette liste est donc seulement un instantané de la population du camp en 1973 (toutes les photos appartiennent à la CEP).

Vieille dame et son chien

Vieille dame et son chien

Le C.A.F.I., en 1975, aurait pu accueillir des «boat people»

Officiellement la guerre du Viêt Nam s’est terminée avec les accords de Paris en 1973 signés entre les États-Unis et la République démocratique du Viêt Nam (Nord Viêt Nam), la République du Viêt Nam (Sud Viêt Nam) et le Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud Viêt Nam formé par le Front national de libération (Viêt Cong). Ces accords permettaient aux troupes américaines de se retirer du pays. Officieusement la guerre continua jusqu’au 30 avril 1975 avec la prise de Saigon par les Nord-Vietnamiens.

Les espoirs de paix, après dix ans de guerre, ne sont pas à l’ordre du jour. Depuis la récente réunification du Viêtnam, des milliers de Vietnamiens tentent de fuir leur pays. C’est la répression menée par le régime communiste de Saigon qui les pousse à s’entasser dans des bateaux et à quitter le pays depuis le port de Haiphong. Surnommés les « boat people », ces hommes, femmes et enfants qui ne savent pas où aller, vivent à bord dans des conditions de sécurité et d’hygiène précaires.
La recherche d’un meilleur niveau de vie, l’aspiration à la liberté et à l’instruction pour les enfants sont déterminants dans la décision de partir. Le voyage conduit les plus nombreux dans les camps gérés par le HCR avant d’être accueillis par un pays occidental.

Le Dr Daoulas, médecin militaire du CAFI

Le Dr Daoulas, médecin militaire du CAFI

C’est dans ce contexte que, en 1975, le docteur Daoulas, médecin militaire du camp de Sainte-Livrade, proposa aux diverses autorités et personnalités de recueillir des « boat people » au C.A.F.I. Pour lui, il n’y a pas actuellement (nous sommes en 1975) un endroit en France plus apte à réchauffer le cœur de ceux qui ont souffert et qui continuent de souffrir. Le C.A.F.I., bien que vétuste et offrant des conditions d’habitat assez précaires, pourrait recevoir, en plus de ses habitants actuels, 500 réfugiés du Viêt Nam.
Il s’est ensuivi une longue correspondance avec des personnalités, des associations, des représentants de l’Etat. Nous remercions madame Daoulas et ses enfants qui nous ont fourni ces documents que nous mettons à votre disposition. Ils sont classés par ordre chronologique (cliquez sur ce lien pour voir le PDF de 16 pages de correspondances).
Voici les quelques réponses que le docteur Daoulas a reçues (cliquez sur ce lien pour voir le PDF de 5 pages de réponses).
Comme vous le savez, il n’y a pas eu de suites et aucun « boat people » n’est arrivé dans le Lot-et-Garonne.

Manifestation du 20 novembre 2004 : les raisons de la colère

Avant la manifestation des habitants du C.A.F.I. dans les rues de la commune et devant la mairie, les associations du centre d’accueil ont distribués ce tract à l’intention de tous les Livradais pour leur expliquer la raison de leur mécontentement.


Le 20 novembre 2004, pour la première fois depuis leur arrivée en 1956, les Français d’Indochine manifestent leur mécontentement dans les rues de Sainte-Livrade. Ils protestent contre la démolition programmée du C.A.F.I. et sa réhabilitation.
Cette vidéo de 1 heure montre la manifestation dans les rues de la ville et devant l’hôtel de ville. Les manifestants sont ensuite reçus par le maire et le conseil municipal. Ils ont pu exprimer de vive voix leur hostilité et leur méfiance vis-a-vis de ce projet. Question et réponses de la part des deux parties…

Cimade : son rôle, ce qu’elle a fait au C.A.R.I. puis au C.A.F.I.

Pour les plus jeunes qui n’ont pas connu les activités de la Cimade au camp (de 1966 à 1972), nous leur conseillons de parcourir ce PDF (cliquez ici) de 22 pages qui résume son travail durant ces quelques années.

FAVORISER L’INTÉGRATION

Lorsque les équipières de La Cimade s’installent à Sainte-Livrade, en 1966, elles ont affaire essentiellement aux 380 jeunes de la cité d’accueil, qui ont grandi au camp. Elles sont hébergées elles-mêmes au Centre d’Accueil. L’intervention de la Cimade a pour but de faciliter les relations entre la ville de Sainte-Livrade-sur-Lot et la communauté et de favoriser l’intégration de la population, surtout les jeunes, dans la vie sociale et économique. Une étude s’ouvre pour le rattrapage scolaire, qui permet de remplacer l’aide des mères, dont la plupart ne parlent pas le français : des cours d’alphabétisation sont organisés à leur intention. Des activités culturelles et artistiques ont lieu le jeudi. Mais l’objectif principal est la mise en relation avec l’extérieur : sorties, visites, camps de ski ou d’été…

« Nous faire sortir du C.A.F.I. : c’était cela, leur objectif, aux monitrices de la Cimade, les deux Geneviève, Rachel l’Anglaise et Trineke la Hollandaise… Elles nous envoyaient en vacances… Au début, on ne comprenait pas, ce n’était pas évident de quitter nos parents… Mais finalement, cela nous plaisait bien, nous allions en vacances dans des familles qui nous emmenaient à la mer », nous apprend une résidente du Centre d’Accueil des Français d’Indochine (C.A.F.I.).

Les Amérasiens, nos « jumeaux d’Amérique »

Le sort des milliers d’Amérasiens est l’un des tragiques héritages de la guerre du Vietnam. A cette époque, les mariages et les relations amoureuses ou tarifées entre soldats américains et femmes vietnamiennes étaient courants. Lorsque les Américains rentraient au pays, beaucoup abandonnaient épouses ou maîtresses, les laissant élever des enfants métis dans une société peu tolérante vis-à-vis des mélanges raciaux.

Après la réunification, ces Amérasiens, rappel vivant de la présence américaine, ont souvent été maltraités, voire abandonnés et laissés à la rue. Surnommés “enfants de la poussière», ils n’avaient pas accès à l’éducation et ne pouvaient trouver un travail. Le programme de départ (Orderly Departure Programme – ODP) a été créé à la fin des années 1980 pour permettre l’installation en Occident (princimalement aux Etats-Unis) des Amérasiens ou des réfugiés politiques qui auraient sinon tenté de fuir par terre ou par mer.

Pour comprendre l’histoire de ces Amérasiens, cliquez sur ce lien.

En France, un reportage, «Les Enfants de la honte», et un film de Rachid Bouchareb, «Poussières de vie», leur ont été consacrés.

1) «Les Enfants de la honte» (reportage de Denis Vincenti, Patrick Schmitt, 1989, 46 minutes, émission «52» sur la Une) est avant tout une histoire humaine.
Nous sommes en 1988. Il y a 13 ans que les américains ont quitté en catastrophe le Vietnam, poussés dehors par des Vietminhs, impatients de prendre en main la destinée de leur pays. Les Américains de Nixon vont s’échapper du Vietnam en laissant derrière eux des casernes, du matériel, une culture yankee, mais aussi des enfants, fruits d’unions furtives entre des militaires américains et de jeunes vietnamiennes. Ces jeunes gens avaient comme particularité d’avoir une couleur de peau différente de celle des autres enfants vietnamiens. Certains étaient noirs, d’autres étaient blancs, ils n’étaient pas allés à l’école et pourtant, certains d’entre eux parlaient même l’américain. Ces enfants étaient le témoignage d’une sale guerre, la guerre du Vietnam ; ils portaient sur eux le visage de la collaboration, c’étaient « des enfants de la honte ».

2) «Poussières de vie». Personne n’avait traité ce thème avant le film de Rachid Bouchareb.

Ce film a fait sensation à sa sortie et remporté un joli succès d’estime en France et aux États-Unis. Lors de sa sortie, Rachid Bouchareb avait livré une interview intéressante à Libération expliquant la génèse du film : «Un soir, à la télévision, je suis tombé sur Les Enfants de la honte, un reportage qui parlait des Amérasiens du Viêtnam aujourd’hui : certains de ces enfants laissés par les GI réussissaient à partir pour les Etats-Unis, d’autres vivaient dans l’attente d’un père ou d’une issue pour sortir du pays. Malgré l’accord de « rapatriement » qui a été négocié en leur faveur en 1986, ils sont encore 5 000 sur place. J’avais été particulièrement frappé par l’un d’entre eux: Raymond, le fils d’un Afro-Américain, qui avait connu son père et qui enseignait l’anglais aux autres… J’ai rencontré les journalistes, j’ai commencé à lire ce que je trouvais sur ce sujet et j’ai découvert la Colline de Fanta, de Duyen Anh, ce témoignage sur les camps dans lesquels on expédiait les gamins raflés dans les rues.»

Témoignage de Rémy Gastambide, Amérasien
Rémy GastambideNé le 1er janvier 1969, à Saïgon (Sud Vietnam), pendant la guerre (1965-1975), d’une relation entre un soldat noir américain et une femme vietnamienne, Rémy Bac Ai a été adopté par un couple franco-suisse, les Gastambide, et a été élevé à Reims. Après des études supérieures de dessin académique et d’illustration à Paris (ESAG Penninghen) puis à Londres (Kingston Polytechnics), Rémy s’est tourné vers la photographie documentaire.

Aujourd’hui, Rémy Bac Ai s’oriente à nouveau vers le dessin et la peinture, « ses premiers amours ». Choisissant le thème du bouddhisme. Il explore les fondements de sa foi profonde en cette « philosophie », livrant les fruits de sa propre expérience dans cette voie religieuse, qu’il a suivie, étant plus jeune, sous la guidance du moine vietnamien Thich Nhat Hanh.

« Je m’appelle Rémy Gastambide. Je suis né au Vietnam, pendant la guerre, d’une relation entre un soldat noir américain et une femme vietnamienne, tous les deux inconnus. Les Amérasiens sont les enfants métis nés durant la guerre américaine au Vietnam (1965-1975). Appelés « enfants mélangés » (Con Lai), ou plus communément, « Poussière de vie » (Bui Doi) par les Vietnamiens et oubliés de leur père américain (s’il n’est pas déjà mort… ), ils mènent une existence très dure comme parias de la société vietnamienne. Leur mère vietnamienne, pour ceux qui l’ont toujours, a souvent honte du regard de ses compatriotes, et est parfois prise pour une « fille facile », ou une ancienne prostituée.
Les métis qui ont eu l’infortune d’être nés noirs souffrent encore plus. Tout comme leur père de couleur dans l’armée US, ils sont victimes de la haine xénophobe. Ils espèrent tous pouvoir un jour aller aux Etats-Unis rejoindre ce père qu’ils idéalisent. Un rêve utopique d’une vie meilleure dans ce pays qui a été si cruel vis-à-vis de leurs ancêtres d’Afrique. Le pays de leurs rêves deviendra peut-être pour eux un vrai cauchemar.
Je suis retourné au Viêtnam pour la première fois en 1991. J’ai pu constater la déconsidération dont beaucoup de ces enfants, devenus de jeunes adultes, font l’objet. Je ressens l’amertume, la rage de cette indicible détresse. Je comprends leur « honte de vivre ». J’ai voulu mener cet essai photographique portraitiste dans un esprit de compassion. Ce travail représente mon combat contre l’oubli et le chagrin ; il m’aide quant à la recherche de mes racines. Je me sens le porte-parole de ces Amérasiens qui me voient comme « l’un des leurs ». Nous, Amérasiens, appartenons à l’histoire de cette guerre par laquelle nous sommes nés. Nous sommes les véritables perdants d’une guerre que ni les Américains ni les Vietnamiens n’ont pu gagner. Nous sommes devenus une race dans la race vietnamienne, un groupe ethnique distinct mais sans cohésion, un prolongement de ce fameux melting-pot américain égaré en Asie du Sud-Est.»
Rémy Gastambide

 Pour ceux qui ont connu le camp de la Rye au Vigeant, dans la Vienne
Les camps de rapatriés d’Indochine ne seront stabilisés dans leur composition que dans les années 60, après un vaste mouvement de chaises musicales où on mute à tour de bras les rapatriés d’un centre à un autre. Les trois camps de Bias (Lot-et-Garonne), Le Vigeant (Vienne) et Saint-Laurent-d’Ars (Gironde) ont été évacués en 1961 par les rapatriés d’Indochine pour être réservés en 1962 aux Harkis.
Le camp de Sainte-Livrade-sur-Lot va ainsi recevoir les rapatriés d’Indochine en provenance de Bias, Saint-Hilaire, Le Vigeant et Noyant.
Une partie de ceux du Vigeant seront mutés à Noyant avant de venir à Sainte-Livrade. Parmi eux, il y avait les familles Seusse, Huynh, Cao Van Tuat, Gao, Pruneta et M. Lejeune…
Qu’est devenu ce camp militaire de la Rye au Vigeant ? Son histoire : ce camp a accueilli des Indochinois en 1954, des Hongrois en 1957, puis des Harkis en 1962 dans le contexte de la fin de la guerre d’Algérie, pour servir de camp de transit et de reclassement, abritant alors un centre de formation pour jeunes adultes. En 1991, il est utilisé comme centre de réinsertion pour jeunes délinquants. Depuis que le Centre Éducatif fermé a été transféré à quelques kilomètres, le lieu est tombé en totale désuétude. Le département de la Vienne a décidé de faire détruire les bâtiments aujourd’hui complètement abandonnés et délabrés, seul le cimetière de six tombes sera préservé.
Voici quelques photos de ce lieu prises au mois d’août 2013 par Léon Nguyen. Nostalgie…

Les Hmong, « nos » Harkis d’Indochine

Certains membres de ce peuple des montagnes du Nord-Vietnam ont combattu avec les Français pendant la guerre d’Indochine, puis avec les Américains pendant la guerre du Vietnam. Quelques milliers émigrèrent en Guyane française, où les autorités avaient un plan pour eux. Voici leur histoire, cliquez sur ce lien pour lire l’excellent article d’Hélène Ferrarini sur Slate.fr

Un ancien tirailleur indochinois, Kiem Van Pham, « humilié » par la France
Un article de France Info. Kiem Van Pham a 95 ans. Il habite Marseille. Il a un rêve. Avant de mourir, il voudrait voir sa petite nièce, qui s’appelle Minh, et qui est sa dernière parente au Vietnam.
Sophie Manelli (« La Provence ») raconte le destin de Kiem Van Phan, né dans le Annam, en 1918 ou en 1919. A l’époque, la région est encore une colonie française. Kiem Van Phan se sent lié à la France. En 1939, au début de la guerre, il s’engage dans l’armée, comme vingt mille Indochinois. Pendant cinq semaines, il voyage dans la cale d’un bateau. Il débarque à Marseille. Il part pour la Normandie. Il se bat sur la ligne de front et il est capturé. Pendant trois ans, il est prisonnier au stalag, en Allemagne et en France, dans des camps « réservés aux Indigènes ». Les conditions de détention sont très difficiles. Le jeune homme est transféré à Saint-Dizier. Il réussit à s’évader. Il rejoint un réseau de résistance. Il s’y engage pendant sept mois, jusqu’en septembre 1944. Là, il demande à être réintégré dans l’armée. Il participe à la libération de Colmar et de Strasbourg, puis à l’occupation de l’Allemagne, dans la région de Coblence. Kiem Van Phan devient sergent, jusqu’en 1946 lorsqu’il est démobilisé. C’est le début de la guerre d’Indochine. Le jeune homme refuse d’aller se battre contre les siens.
Lire la suite de l’article en cliquant sur ce lien.

Les bagnes des Indochinois en Guyane (1931-1963)
Extrait d’un article paru sur le site criminocorpus.revues.org. «La Guyane réclamait sans cesse de nouveaux bras pour « développer » le territoire colonial. Cet objectif, autrefois mis en avant par les fondateurs des « bagnes » guyanais, avait gardé toute son actualité dans le discours politique : « L’Arabe et l’Asiatique résistent au climat (…). Pour le développement de la Guyane, l’Asiatique et le Malgache sont plus intéressants que l’Arabe ; ils sont plus résistants au climat, plus travailleurs, plus sobres ; c’est donc cet élément qu’il serait souhaitable de voir importer », écrivait le Gouverneur Siadous en 1929. L’idée, en termes tout à fait similaires, avait été exprimée par son prédécesseur Chanel, « l’homme lige de Paris », selon l’expression de Rodolphe Alexandre, spécialiste de l’histoire politique de la Guyane du XXe siècle. Varenne, en charge de l’Indochine à la même époque, s’était dit favorable à la reprise des convois vers le continent Sud-Américain à condition que la Guyane en finançât le coût. La démarche générale, comme le lexique employé, nous éclaire grandement sur le regard que les autorités d’alors portaient sur les peuples colonisés et sur les condamnés.

Mars 2006 : Les vestiges du camp de Crique Anguille, appelé aussi « bagne des Annamites », affecté aux détenus indochinois, sont aujourd’hui perdus au cœur de la forêt guyanaise. On distingue sur ce cliché des cellules de réclusion, bâties sur le modèle des cellules de l’île Saint-Joseph. © Thomas Sagnimorte

Mars 2006 : Les vestiges du camp de Crique Anguille, appelé aussi « bagne des Annamites », affecté aux détenus indochinois, sont aujourd’hui perdus au cœur de la forêt guyanaise. On distingue sur ce cliché des cellules de réclusion, bâties sur le modèle des cellules de l’île Saint-Joseph. © Thomas Sagnimorte

Pour lire l’article au complet, cliquer sur ce premier lien et sur ce second lien pour un autre article.
Histoire du courrier au CAFI

Intéressant article sur l’historique postal du camp par Roland Rosier, facteur au CAFI dans les années 60.

Courrier daté du 17 février 1967. Photo : La Tribune Livradaise

Courrier daté du 17 février 1967. Photo : La Tribune Livradaise

Malgré la présence d’un vaguemestre qui avait son bureau dans le bâtiment voisin de la chapelle, c’est un facteur du bureau de Sainte-Livrade qui distribuait, à pied, le courrier dans les allées du camp en faisant du porte-à-porte. La distribution du courrier du camp ne représentait qu’une partie de la tournée numéro 5 à la fin des années 1960… Pour lire la suite, cliquez sur ce lien
Le petit Vietnam de France. 60 ans dans un camp de rapatriés

Focus TV5Monde, dans le cadre de l’année France-Vietnam, retrace les 60 ans du Centre d’Accueil des Français d’Indochine de Sainte-Livrade-sur-Lot. Historique, interviews, témoignages. Avec la collaboration de Dominique Rolland. Cliquez sur ce lien.

Un siècle d’Indochine française

InaLe musée de l’armée a consacré en octobre 2013 une grande exposition à la présence française en Indochine.

Entre colonisation et assimilation, intégration et désir de souveraineté, ina.fr revient sur la rencontre entre la France et les peuples de l’Indochine ; de l’âge d’or colonial à l’indépendance indochinoise. Cliquez sur ce lien

Oulad l’Viêt-Nam (Les enfants du Vietnam)

Eh oui ! On découvre que nous ne sommes pas les seuls «lai» de ce conflit indochinois. D’autres existent, ils vivent au Maroc. Elles devaient être très courageuses ces femmes des campagnes qui ont osé épouser des étrangers autres que des français à cette époque.

DOCUMENTAIRE : Film marocain de 2005 (13 minutes) de Yann Barte, en arabe marocain (darija), viêtnamien, français. Sous-titrage en français. Produit par nabil Ayouch (Ali’n Prod, Casablanca) et la Fondation ONA.
Le Maroc les avait presque oubliés ! En 1972, près d’une centaine de familles maroco-vietnamiennes débarquent sur la base militaire de Rabat-Salé : des Marocains, la cinquantaine, leurs femmes vietnamiennes et leurs enfants. Qui avait entendu parler de ces familles auparavant ? Qui même s’en souvient aujourd’hui ?

Entre 1947 et 1954, par centaine, des Marocains avaient déserté l’armée française en Indochine pour rallier le Viêtminh, par solidarité anticolonialiste et par refus de servir une cause qui n’était pas la leur. « Oulad l’Viêt Nam » est une série de portraits, réalisés entre Casablanca et Sidi Yahia : des hommes et des femmes au destin extraordinaire dans leur vie très ordinaire, s’exprimant en marocain, vietnamien ou français.

Ce documentaire est un hommage à ces hommes, anciens combattants, oubliés de l’histoire, de l’historiographie militaire coloniale et du Maroc.
C’est aussi un témoignage des solidarités anticolonialistes entre deux pays en lutte pour leur indépendance : le Maroc et le Vietnam, en même temps qu’un travail d’urgence sur la mémoire (il ne resterait aujourd’hui qu’un seul ancien combattant Marocain « rallié »).

Rencontre avec Georges Bigot, metteur en scène de « CAFI »

Georges Bigot revient sur sa collaboration avec Vladia Merlet sur « CAFI », une pièce tout en justesse et émotion qui rend hommage aux Français rapatriés d’Indochine de Sainte-Livrade-sur-Lot.

Cao Bang, les soldats sacrifiés d’Indochine

« Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, c’en sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation ».

Documentaire de Bernard George diffusé le 27 avril 2014 sur France 5 dans l’émission “La case du siècle”.

Octobre 1950. Épisode clé de la guerre d’Indochine, Cao Bang est la première grande défaite d’un pays colonisateur face à une armée de libération nationale, un «désastre» qui porte les germes de l’effondrement de l’empire colonial français. Bâti autour des témoignages inédits des rares soldats rescapés, ce document retrace le parcours de ces jeunes hommes en quête d’aventure et d’exotisme, engagés dans une guerre que beaucoup croyaient romantique. Replongeant dans leurs souvenirs, ils évoquent les événements qui ont conduit à la défaite française et révèlent un épisode de ce conflit passé sous silence par les états-majors, le gouvernement et les médias.

Les camps de réfugiés

Interview de l’anthropologue Michel Agier par Catherine Salvet, dans Libération du 21 novembre 2014, sur les camps, en général et sur Sainte-Livrade en particulier (il y a un lien, dans cette interview, sur un papier sur le camp sorti en septembre 2014). Michel Agier vient de publier un livre collectif sur les camps intitulé Un monde de camps. En gros, il s’agit de comprendre comment fonctionne un camp et quels en sont les enjeux universels dans le temps (histoire) et dans l’espace (camps de Roms ou post-coloniaux) et de savoir si les victimes arrivent et comment ils arriveraient à retourner le système répressif à leur avantage.
Cliquez ici sur ce lien pour lire l’article.

Le Nouvel Obs du 1er novembre 2014 a publié aussi un article de 2 pages sur ce livre collectif sur les camps.

Saigon-Cayenne : les derniers déportés politiques indochinois

Ce document de 7 pages («Une saison en Guyane ») sur les derniers prisonniers politiques annamites en Guyane relate, entre autres, la vie de M. Luong Nhu Truat, papa de la famille Truat qui habite au camp. Nous vous en conseillons la lecture.

Diplômes français en Indochine

Trois diplômes obtenus par les premiers habitants du CAFI en Indochine.

Vidéos anciennes de l’Indochine sous la colonisation française

Ajout le 4 mars 2016 de quelques vidés de l’Indochine et de Saigon sous la colonisation française :
– Saigon de 1940 à 1945 :

– Hué de 1900 à 1945 :

– Saigon 1955 – 1946 – 1940 :

– Saigon avant 1945 :

– Le Vietnam en 1945 :

– Hanoï ancien :

Guerre d’Indochine : 40 ans de solitude
Entre 1947 et 1954, par centaine, des Marocains avaient déserté l’armée française en Indochine pour rallier le Viêtminh, par solidarité anticolonialiste et par refus de servir une cause qui n’était pas la leur. Certains sont ensuite revenus au Maroc avec leurs femmes vietnamiennes et leurs enfants. Ce documentaire de 45 mm, diffusé par la chaîne Al Jazeera World, est un hommage à ces hommes, anciens combattants, oubliés de l’histoire, de l’historiographie militaire coloniale et du Maroc. …

Indochine : quand 85 déserteurs marocains ont été rapatriés du Vietnam au Maroc

125 Marocains ont déserté lors de la guerre d’Indochine. Pendant plusieurs années, ils restent dans le pays d’Asie devenu le Vietnam, oubliés et vivant dans des conditions précaires. Ils ne seront rapatriés qu’en janvier 1972. Récit.

https://www.yabiladi.com/articles/details/58048/indochine-quand-85-d%C3%A9serteurs-marocains-ont.html

VTV4 : reportage sur les Amérasiens intitulé Children of the War
Tran Thu Ha, journaliste et chef de la division des programmes vietnamiens du Département International du Vietnam (VTV4), Télévision du Vietnam, vous convie à regarder ce film documentaire réalisé en 2015 sur les Amérasiens.

Le Blog Qui Débloque

Suivez Guy Levilain, auteur de romans sur l’Indochine coloniale et les questions sociales, sur son blog. Ses posts concernent ses livres, l’Indochine, la guerre, les camps (dont le CAFI)…